Interpellation musclée à Karo-Kalyptus: La famille de Nygel Beerjeraz fustige la violence et raconte son calvaire

1 month, 1 week ago - 6 May 2025, lexpress.mu
Nygel Beerjeraz
Nygel Beerjeraz
Le père de Nygel Beerjeraz, le jeune homme de 21 ans, agressé lors d’une interpellation musclée de la police après une course-poursuite à Karo-Kalyptus, mercredi dernier, et admis à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo, à Port-Louis, avec une sentinelle à son chevet, ne décolère pas.

 S’il n’excuse pas les frasques de son fils, il raconte la douleur des années durant lesquelles la famille a tenté d’aider le jeune homme à sortir de l’enfer de la drogue dans lequel il a sombré depuis le collège.

«Nygel n’est hélas que le reflet de toute une jeunesse qui va mal en raison des ravages de la drogue !» lance-t-il. Il ne s’agit pas d’un cas isolé. Mais que faire ? Et à qui la faute ? Aussi irréaliste que cela puisse paraître, ce père de famille raconte que leur calvaire a commencé lorsque les fréquentations de Nygel ont changé, au secondaire. Bon élève, il fréquentait un collège confessionnel à Rose-Hill, avant de se faire exclure. Admis ensuite dans un établissement privé, il finira, là encore, à se faire renvoyer à cause de son comportement, dont il n’était plus maître, en raison de son addiction et de l’influence de ses prétendus «amis».

«Nygel était pourtant un adolescent serviable, respectueux et intelligent mais il est devenu, comme bien d’autres jeunes du pays, une victime de la toxicomanie», déplore son père. Une situation que les gouvernements, quels qu’ils soient, n’arrivent pas à changer ou même à contrôler malgré leurs milliers de promesses de lutter contre les drogues dites «dures» et «synthétiques».

Ce qui est encore plus triste, selon ce père, c’est la manière dont ces policiers ont agi alors qu’ils avaient affaire à un jeune, qui n’est certes pas un enfant de chœur mais pas un tueur d’homme non plus. «La police ne doit-elle pas faire preuve de sang-froid ? Il était seul, sans arme et sans défense et n’avait pour option que de se rendre à des policiers déchaînés ou de fuir.»

«Sa mem sanzman sa? Si le Premier ministre voulait vraiment faire autrement et conserver l’image de notre pays et celle de la police, son bureau aurait dû, contrairement à son prédécesseur, réclamer une enquête et des sanctions immédiates contre les policiers qui ont été filmés en train de s’acharner sur la voiture de mon père, puis sur Nygel, une fois qu’ils ont réussi à le sortir du véhicule inconscient, en sang, par terre. Les vidéos ont été diffusées publiquement sur les réseaux sociaux, ne les a-t-il pas vues ? Et le commissaire de police, li pa’nn trouve li?» s’interroge C. Beerjeraz.

Du côté de la police, la cellule de communication a indiqué, vendredi, qu’une enquête a été ouverte par le Central Crime Investigation Department et qu’il devrait permettre d’identifier, entre autres, les individus qui s’acharnaient sur la voiture et que l’on voit dans les vidéos qui circulent sur la toile. «Atann zot al raz labarb, moustas ek sanz kouler helmet – ena video sirveyans dan stasion tou sa zour-la, zot ankor pe dir zot pe idantifie bann dimounn-la», lance le père de Nygel.