La subvention pour les autobus électriques : Faute de moyens financiers, l’UBS et TBS repoussent leur lancement
La subvention pour l’achat d’autobus électriques a augmenté dans le budget 2021/2022, passant à Rs 1,2 million pour ceux allant jusque neuf mètres de long, et à Rs 1,5 million pour ceux dépassant 9 mètres.
De plus, les opérateurs pourront bénéficier d’une location grâce au Transformation Fund du gouvernement. Tout comme le CEO de RHT, Sid Sharma, le directeur général de la compagnie United Bus Service (UBS), Swaley Ramjane, accueille favorablement la décision du gouvernement sauf qu’il sera impossible pour la compagnie d’investir dans les bus électriques pour l’instant car notre situation financière ne nous permet pas de le faire. On s’apprêtait à se lancer dans l’électrique en 2020 mais c’était sans compter la crise sanitaire”, dit-il.
Son homologue du Triolet Bus Service (TBS), Viraj Nundlall, abonde dans le même sens car il dit avoir noté “une baisse de 25% des recettes lors de la première vague de la Covid-19 et de 15% durant la seconde. C’est une très bonne mesure mais il faudra néanmoins patienter avant que l’on s’engage dans un tel projet. »
Transport en commun : Accueil froid des bus électriques par les opérateurs et compagnies
– Swaley Ramjane (UBS) « Nous aurons beaucoup de difficultés à les mettre sur la route. Nous avons de bonnes intentions, mais c’est hors de notre portée »
– Viraj Nundlall (TBS) « Nous avons une baisse de 40% de nos revenus depuis 2019. Comment penser aux bus électriques dans de telles conditions ? »
– Sid Sharma (RHT) « Les autobus électriques apportent plus d’économies que les autobus conventionnels. Avec mon expérience de rouler pendant deux ans, les économies sont substantielles »
L’environnement n’a pas été oublié du budget 2021/2022. En atteste notamment la subvention accordée par le gouvernement pour l’achat d’autobus électriques. Si les compagnies de transport accueillent favorablement cette mesure, elles ne sont toutefois pas prêtes à franchir le pas de sitôt, car ayant encore à faire face aux conséquences des deux confinements liés au Covid-19. Par ailleurs, la compagnie RHT, qui a déjà mis sur route deux autobus électriques, souhaite davantage de sensibilisation sur l’importance des véhicules électriques.
La subvention pour l’achat d’autobus électriques a augmenté dans le budget 2021/2022, passant à Rs 1,2 million pour ceux allant jusque neuf mètres de long, et à Rs 1,5 million pour ceux dépassant 9 mètres. De plus, les opérateurs pourront bénéficier d’une location grâce au Transformation Fund du gouvernement. La Mauritian Bus Transport, qui opère une flotte d’environ 20 autobus, se voit ainsi dans l’incapacité d’opter pour des bus électriques dans la conjoncture, même si son directeur général, Uday Gujadhur, dit accueillir favorablement les mesures budgétaires.
« Le prix d’un autobus électrique est deux à trois fois supérieur à un autobus conventionnel. Dans le contexte actuel, investir une pareille somme et obtenir une subvention de Rs 1,5 million n’est pas viable. Combien sont prêts à investir dans ces autobus ? Il faut aussi se préparer à investir sur l’installation de stations pour recharger les batteries des autobus. Nous n’avons pas autant de connaissances à ce sujet. Ce n’est qu’en mettant le bus en opération que nous saurons si nous pouvons opérer l’autobus toute la journée », dit-il.
Par ailleurs, il estime que le montant de la subvention, soit de Rs 1,2 million et de Rs 1,5 million, est « trop faible ». Il se demande également si les autobus électriques pourront desservir les régions montagneuses. « Personne n’en a parlé », regrette-t-il. D’autres Unknowns existent, dit-il, notamment concernant l’énergie utilisée par ces bus. « Nous ne savons pas le prix de la batterie, ni sa durée de vie. Nous ne savons pas quel est le montant d’investissement qui y est attaché », laisse-t-il. Et de se demander dans le même temps quelle est la politique en place concernant les batteries en fin de vie.
Pour ce directeur de compagnie, les bus électriques sont positifs « sur le court terme, mais pas sur le long ». Et ce même s’il est difficile, concède-t-il, de se prononcer sur les avantages et les désavantages de tels bus par rapport aux autobus plus « classiques ». Raison pour laquelle Uday Gujadhur trouve qu’il aurait préféré que le pays se tourne d’abord vers des bus hybrides dans un premier temps. « Un bus hybride présente l’avantage de générer son énergie. Cela ne nécessite pas de coût additionnel, alors qu’il est important d’avoir une place pour charger les batteries d’un autobus électrique », dit-il.
Autre question : « A-t-on les compétences nécessaires pour travailler sur des véhicules électriques ? » se demande-t-il, expliquant que les systèmes d’opérations sont différents. « Ces autobus électriques nécessitent aussi toute une transformation des garages, avec l’installation de bornes pour charger les bus. Il faudra avoir du personnel pour assurer que les batteries de tous les bus soient bien remplies avant le lendemain matin. »
Quid également du volet de la sécurité ? « Que ferons-nous lorsqu’il y a une inondation. Que se passera-t-il avec le moteur en cas d’inondation, surtout que nous avons à importer des autobus à plancher surbaissé ? » poursuit-il, avant de relever que rien n’a été dit concernant le nombre de passagers maximum que peuvent transporter de tels bus. « Nous devons être très vigilants avant d’aller de l’avant avec les bus électriques. Consentir des investissements massifs dans le contexte actuel n’est pas raisonnable », reprend-il. Autant dire que les autobus électriques ne sont pas de sitôt pour la Mauritian Bus Transport.
Du côté d’UBS, en revanche, le ton est plus optimiste, même si le constat général reste le même. Aussi la compagnie accueille-t-elle favorablement les mesures budgétaires concernant la hausse des subventions des bus électriques. « C’est un pas dans la bonne direction, car le monde se tourne vers le vert. D’ailleurs, au Royaume-Uni, l’objectif est d’avoir des véhicules électriques partout d’ici 2030. Mais il faut noter que nous avons été impactés énormément par le Covid-19. Aujourd’hui, un bus électrique coûte Rs 10 millions, soit Rs 8,5 millions si l’on tient compte de la subvention de Rs 1,5 million », explique soutient Swaleh Ramjane, directeur général d’UBS.
« Actuellement, nous pourrions acheter quatre autobus à plancher surbaissé avec cette même somme de Rs 8,5 millions », poursuit-il, avant de demander au gouvernement d’augmenter cette subvention à Rs 4 millions. Hors de question en effet pour la compagnie d’investir dans les bus électriques pour le moment. « Nous aurons beaucoup de difficultés à les mettre sur la route. Nous avons de bonnes intentions, mais c’est hors de notre portée », dit-il.
Côté main-d’oeuvre, Swaleh Ramjane soutient toutefois avoir demandé à ses mécaniciens de « s’adapter » aux bus électriques. Quant à l’alimentation de ces bus, il demande aux autorités de « parler avec le Central Electricity Board » afin que l’opérateur électrique offre des tarifs préférentiels aux compagnies de transport qui se tourneront vers les bus électriques. Car l’idée d’acquérir de tels bus a déjà fait son petit bonhomme de chemin chez UBS, qui avait d’ailleurs auparavant déjà demandé un devis à des fabricants de bus.
Chose évidemment impensable dans la conjoncture. « On reçoit 60 sous du gouvernement et 40 sous du passager. Nos recettes, après le premier épisode de Covid-19, ont baissé à Rs 900 000 par jour. Et après le second épisode, elles ont baissé à Rs 700 000. Notre manque à gagner est de Rs 200 000 par jour », dit-il, expliquant que pour pouvoir tenir la barre, toutes les heures supplémentaires ont été annulées. « La situation n’est pas brillante. Notre devise a aussi perdu de sa valeur. Tout ce que nous utilisons dans les autobus est importé, et le coût du fret a augmenté », dit-il. Malgré ces difficultés, UBS mettra sur route de nouveaux autobus (à plancher surbaissé) bientôt, la flotte de la compagnie n’ayant en effet pas évolué depuis cinq ans.
Au niveau de Triolet Bus Service (TBS), les bus électriques ne sont pas non plus d’actualité. « Les subventions sont accueillies favorablement, mais vu notre situation actuelle, elles seront insuffisantes pour qu’on aille vers les autobus électriques. Nos moyens ne nous le permettent pas. Mais l’initiative est bonne », soutient Viraj Nundlall, directeur général de TBS. Il dit en effet avoir noté une baisse de 25% des recettes lors de la première vague de Covid, et de 15% durant la seconde. « Nous avons une baisse de 40% de nos revenus depuis 2019. Notre manque à gagner est important. Comment penser aux bus électriques dans de telles conditions ? » dit-il.
Viraj Nundlall avoue pourtant avoir été séduit par l’achat de bus électriques en 2019, sauf que le Covid-19 a tout chamboulé. « Nous allions commencer à opérer quatre à cinq autobus. Mais ce projet a été gelé à cause du Covid-19 », fait-il ressortir. Le bus électrique est non seulement bon pour l’environnement, dit-il, mais il permet aussi de faire des économies sur le long terme. « Le seul désavantage, c’est l’investissement important. » À noter que TBS a mis sur route 15 nouveaux autobus depuis le début de cette année, lesquels avaient été commandés depuis 2019.
Chez RHT, on se félicite d’avoir déjà mis sur route deux autobus électriques. Aussi les subventions du gouvernement sont accueillies plus que favorablement par le Chief Executive Officer de la compagnie, Sid Sharma, mais aussi la location offerte par le Transformation Fund. « C’est une très bonne mesure, car le pays doit faire un grand effort s’agissant des émissions polluantes. Il faut se concentrer sur le parc automobile et effectuer la décarbonisation. Les autobus électriques apportent plus d’économies que les autobus conventionnels. Avec mon expérience de rouler pendant deux ans, les économies sont substantielles », dit-il.
Dans le même souffle, il se demande s’il est possible d’obtenir un accompagnement pour l’installation de panneaux solaires, car « les batteries coûtent cher ». « C’est un projet qui nous tient à coeur. Nous voulons aller dans cette direction », dit-il, même s’il reconnait qu’un autobus électrique coûte plus cher qu’un bus conventionnel. Sans compter qu’il « faut du personnel qualifié pour opérer ces autobus ».