
Attendu depuis 2022, ce plan vise à réduire la vulnérabilité des communautés et des infrastructures critiques dans un contexte où le changement climatique accentue la fréquence et la gravité des épisodes pluvieux.
Commandité par la Land Drainage Authority avec l’appui technique et financier de l’Agence Française de Développement, le plan devait initialement être le socle d’une politique intégrée de gestion des réseaux de drainage. Mais il est resté bloqué dans les tiroirs pendant plusieurs années, en raison notamment de la sensibilité de certaines de ses recommandations.
En février 2025, un comité technique indépendant avait été constitué pour évaluer la robustesse du rapport et vérifier sa compatibilité avec les priorités nationales et les engagements internationaux en matière de résilience climatique. Ses conclusions plaidaient pour une approche plus proactive, passant par une cartographie des risques affinée, une meilleure sensibilisation des populations, l’élaboration d’un protocole de sécurité, l’accélération des procédures de relocalisation et la mise en œuvre rapide des interventions prévues. La Land Drainage Authority s’apprête à lancer une campagne nationale de diffusion et de sensibilisation afin d’assurer l’adhésion des citoyens.
Si l’annonce est saluée comme une avancée, elle met en lumière les lenteurs accumulées sous le précédent gouvernement. Le rapport avait été finalisé en mai 2022 et approuvé deux mois plus tard. Un premier comité interministériel, présidé par le vice-Premier ministre de l’époque, devait examiner les aspects législatifs du plan, notamment les zones dites «No Go», jugées inondables et donc interdites à toute nouvelle construction. Mais cette perspective explosive a freiné toute publication. Le plan identifiait en effet 297 zones à risque, dont 67 à haut risque, certaines déjà habitées. La valeur des propriétés concernées aurait chuté du jour au lendemain, entraînant un coût social et politique considérable.
Pour éviter cette onde de choc, une version amendée, expurgée des recommandations les plus contraignantes, avait été adoptée en décembre 2022. Dans la foulée, un deuxième comité interministériel, présidé par le ministre des Collectivités locales et de la Gestion des risques de catastrophes, avait été institué. Mais, comme l’a révélé récemment le ministre des Infrastructures nationales, Ajay Gunness, ce comité «ne s’est jamais réuni».
Le dossier a stagné jusqu’en mai 2024, quand une décision a été prise pour déterminer quelles parties du rapport pouvaient être rendues publiques. Là encore, aucun suivi n’a été effectué. Ajay Gunness n’a pas mâché ses mots au Parlement, accusant l’ancien exécutif de «laxisme» et de «légèreté» dans la gestion de ce projet, pourtant financé à hauteur de 1,5 million d’euros (environ Rs 70 millions).
La publication du Land Drainage Master Plan figurait parmi les promesses électorales de l’Alliance du Changement, aujourd’hui au pouvoir. Le ministre Gunness a rappelé que cet engagement avait été réitéré dans le programme gouvernemental et qu’il était désormais tenu. «Ce document contient des mesures concrètes pour protéger les biens et sauver des vies. Il était inconcevable qu’il reste confiné dans un tiroir», a-t-il insisté.
La publication du plan ouvre désormais une nouvelle phase. Sa mise en œuvre impliquera des décisions difficiles, notamment sur la relocalisation de familles installées dans des zones à risque. Le défi sera de conjuguer rigueur technique, accompagnement social et transparence. La Land Drainage Authority devra convaincre les habitants de la pertinence de ces choix et démontrer que la prévention, si coûteuse et contraignante soit-elle, reste moins lourde que le prix des drames humains et matériels que chaque inondation entraîne.
Related News