NFT, Metaverse et automobile : le virtuel pour aider la voiture ?

3 years ago - 18 March 2022, caradisiac
Lamborghini NFT
Lamborghini NFT
Les NFT, le Metaverse ou encore la blockchain sont des termes techniques obscures issus du monde virtuel.

Ils se sont invitĂ©s dans le langage commun et par voie de consĂ©quence et de marketing, dans l’univers automobile. Nous avons dĂ©cidĂ© de clarifier tout cela.

En novembre 2021, Alpine a proposĂ© 5 NFT reprĂ©sentant 5 livrĂ©es d’un modĂšle virtuel d’Alpine façon GT, crĂ©Ă© par un jeune russe. Le 9 fĂ©vrier 2022, c’est Alfa Romeo qui propose d’équiper le nouveau Tonale d’un NFT pour certifier le suivi en atelier. Mais le NFT, c’est quoi au juste ?

Blockchain : un premier point important

Lorsque deux personnes signent un contrat, chacune en garde un exemplaire. En cas de falsification par l’une des deux, impossible de dire quel contrat est le vrai. Une solution consiste donc Ă  rĂ©aliser une troisiĂšme copie. Sauf qu’en cas de falsification de deux des trois copies, c’est l’original qui passe pour le faux.

Imaginons alors faire un millier de copies de ce contrat. Il devient plus dĂ©licat d’en falsifier 999. Si en plus, ces 999 copies sont cryptĂ©es et gardĂ©es par des personnes tierces incapables de les lire, alors c’est gagnĂ©. Les contrats sont infalsifiables.

La blockchain, c’est ce concept appliquĂ© Ă  une Ă©chelle autrement plus grande et dans l’univers virtuel. Imaginez qu’un fichier ne soit pas stockĂ© sur un support (serveur ou disque dur en l’occurrence) mais qu’il le soit en des millions d’exemplaires sur autant de serveurs. Chaque modification donne lieu Ă  un nouveau fichier et l’ensemble est cryptĂ©.

Un peu comme confier des millions de copies du contrat à des millions de personnes différentes incapables de le lire.

La blockchain est la technologie utilisĂ©e par les crypto-monnaies et notamment Ethereum. C’est selon le standard de cette blockchain que sont gĂ©nĂ©ralement crĂ©Ă©s les NFT.

Vous suivez ? La suite est plus simple rassurez-vous.

Qu’est-ce que le NFT ?

Sous l’euphorie, on a vu apparaĂźtre du NFT partout, et pour cause, ce jeton non fongible comme on l’appelle (Non-Fungible Token) est une clĂ© certifiĂ©e. On ne peut la copier ni la modifier, elle est unique. À partir de lĂ , la spĂ©culation peut aller bon train. Car le NFT n’est que spĂ©culation et ça, les marques l’ont vite et bien compris : vendre un NFT c’est vendre du virtuel ce qui est plus simple Ă  gĂ©rer qu’un Ă©lĂ©ment physique.

Plus concrÚtement, un NFT est composé de trois choses :

  • Un identifiant qui le rend unique.
  • Un code informatique (smart contract).
  • Des mĂ©tadonnĂ©es avec notamment le lien qui pointe vers le fichier ou l’Ɠuvre auquel il est associĂ©.

Imaginons que le lien pointe vers un fichier qui n’existe plus, alors votre NFT ne vaut rien, puisqu’il ne pointe sur rien. On peut aisĂ©ment crĂ©er des NFT, mais la crĂ©ation est payante. Pour cause, stocker et garder en mĂ©moire un fichier sur la blockchain coĂ»te de l’énergie. Car ce sont les ordinateurs des mineurs de NFT qui font le travail, vous savez, ces tierces personnes qui ne peuvent lire les copies de contrats dont nous avons parlĂ© au dĂ©but.

Enfin, les NFT sont infalsifiables et donc impossibles à modifier. Nous verrons par la suite en quoi c’est important.

Le NFT et l’automobile : une histoire de marketing

Le futur de l’automobile s’oriente vers l’électrique. Une voiture Ă©lectrique Ă©tant grosso modo un smartphone sur roue, il Ă©tait logique qu’une technologie tendance s’invite dans l’univers de la voiture pour montrer que les marques sont « dans le coup ». Saupoudrer la prĂ©sentation d’un vĂ©hicule de NFT, c’est montrer que la maque n’est pas une relique du passĂ© mais bel et bien un Ă©lĂ©ment inscrit dans le futur de l’automobile.

Mais à quel niveau le NFT est-il intéressant ?

Alfa Romeo a ouvert réellement le bal, en associant une sécurité de suivi du véhicule à cette technologie.

L’idĂ©e est simple : toute modification ou maintenance du vĂ©hicule gĂ©nĂšre un NFT. Cela permet un suivi du vĂ©hicule et ici, du Tonale d’Alfa Romeo. Impossible de changer le kilomĂ©trage, d’omettre un choc et on a mĂȘme l’information des dates d’intervention.

Aucune intervention humaine ne peut corrompre le concept. Enfin, sur le papier.

Une idée de suivi presque bonne mais vulnérable

À l’époque victorienne, la nitroglycĂ©rine n’était pas encore inventĂ©e. Il Ă©tait ainsi impossible de fracturer un coffre-fort. La solution Ă©tait de crĂ©er des copies des clĂ©s des serrures.

Le NFT apparaĂźt comme le coffre-fort. Pour que le systĂšme d’Alfa RomĂ©o fonctionne, il faut impĂ©rativement faire entretenir son vĂ©hicule chez Alfa Romeo et que le NFT soit gĂ©nĂ©rĂ©.

Sachant que le NFT n’est pas modifiable, il faudra en crĂ©er un Ă  chaque intervention, ce qui est coĂ»teux tant sur le plan financier qu’énergĂ©tique.

Maintenant, imaginons que ce ne soit pas le cas. Que l’on fasse faire un marbre Ă  un vĂ©hicule accidentĂ© de façon officieuse. Cette intervention ne sera jamais indiquĂ©e dans le suivi et la traçabilitĂ© du NFT n’a alors plus aucune valeur. Car le NFT ne peut ĂȘtre gĂ©nĂ©rĂ© automatiquement par le vĂ©hicule. En fait, dĂšs lors qu’une intervention humaine est nĂ©cessaire ou tout simplement possible, le systĂšme devient vulnĂ©rable. Le NFT est la clĂ© originale. Passer outre le systĂšme revient Ă  rĂ©aliser une copie de la clĂ© ouvrant le coffre-fort.

Le Metavers, un autre usage du NFT

Au dĂ©but des annĂ©es 2000, internet se dĂ©mocratise. On discute avec des passionnĂ©s du monde entier sur des forums, on Ă©change les connaissances, internet est merveilleux et le savoir est Ă  portĂ©e de clic. Cette prĂ©sence virtuelle donna lieu Ă  un fantasme : une vie virtuelle. C’est ainsi que Second Life vit le jour avec pour idĂ©e : retranscrire en virtuel le monde rĂ©el. Espaces 3D, avatars, boutiques. Une utopie virtuelle rapidement prise d’assaut par les marques qui virent un nouveau support de communication. Ce qui contribua, entre autres, Ă  l’abandon de l’idĂ©e.

Jusqu’à l’annĂ©e derniĂšre et la volontĂ© de Mark Zuckerberg, papa de Facebook, de crĂ©er un nouvel univers virtuel. Le Metavers. La diffĂ©rence ? aujourd’hui, les technologies sont nettement supĂ©rieures et les possibilitĂ©s sont donc bien plus importantes. Le Metavers permet d’utiliser des Ă©lĂ©ments virtuels dont les fameux NFT. C’est toute l’idĂ©e : des crĂ©ations virtuelles uniques dans un univers lui aussi virtuel.

Metavers, le futur de l’automobile du passĂ© ?

Les voitures thermiques vont connaĂźtre un dĂ©clin similaire Ă  celui de la photographie argentique. Or, le Metavers serait un moyen de sauver ces engins, virtuellement du moins, en continuant de les faire exister en pixels. Les NFT permettraient par exemple de modĂ©liser en 3D son modĂšle de voiture, jusqu’au numĂ©ro de chĂąssis. On peut mĂȘme aller plus loin en permettant de l’utiliser dans des jeux vidĂ©o par exemple. Ou d’en crĂ©er une miniature. Le NFT serait alors la carte grise virtuelle de votre automobile virtuelle. C’est un exemple d’utilisation.

On pourrait aussi reprendre le concept de traçage, mais dans des registres spécifiques comme la location automobile. Le véhicule aurait un suivi de toutes les utilisations.

Les usages peuvent ĂȘtre nombreux sans ĂȘtre indispensables, du moins pour le moment.

Mais cette incursion de l’automobile dans ce concept futuriste est surtout la preuve plus concrĂšte que virtuelle que la voiture est en train de vivre sa plus grosse transition depuis sa crĂ©ation.