Opération «Slow and Furious»: les hélicos de la police carburent à plein régime

1 year, 10 months ago - 30 May 2022, lexpress.mu
Opération «Slow and Furious»: les hélicos de la police carburent à plein régime
Tel Supercopter, leurs hélices pourfendent l’air. Sur l’échelle des décibels, le bruit qu’ils émettent est presque aussi fort que la voix du Loudspeaker quand il expulse les membres de l’opposition.

Pendant l’opération go-slow initiée par Linion Pep Morisien, dans le cadre de la manif appelée Fuel Strike durant la semaine écoulée, mais aussi hier, lors du rallye organisé par l’ACIM. Les hélicoptères de la police effectuaient des va-et-vient incessants dans le ciel. Combien de carburant ont-ils utilisé alors que les prix s’envolent, se demande-t-on. Rotor, enfin retour sur le dossier.

Hélitreuillage. Pour économiser du carburant, nous avons appelé l’inspecteur Shiva Coothen, responsable de la cellule de communication de la police, qui carbure à la tisane à base de feuilles de tulsi (NdlA, basilic sacré). Démarrage de la séance questions-réponses, en vol libre. On apprendra ainsi que la force policière compte quelque sept appareils, soit deux Dhruv, un Fennec et quatre Chetak. Qui effectuent environ trois à quatre sorties par jour, dépendant du «programme». Les hélicos survolent, par exemple, le littoral pour surveiller les zones côtières, les villes et villages pour surveiller le trafic, les trafiquants et malfrats et les montagnes et régions boisées pour détecter les plantations de cannabis.

400 litres pour faire le plein

D’accord mais lors de l’opération l’opération go-slow, c’était pour surveiller si les voitures roulaient assez lentement pour dresser une contravention de Rs 10 000 ? Pour ‘spotter’ les visages des protestataires et les blacklister ? «Non c’était pour parer à toute éventualité.» Mais nos beaux colibris aux ailes de fer auraient pu être aussi efficaces pour le Wakashio et lors du naufrage du sir Gaëtan, pas vrai ? «Ils ont fait leur travail voyons», dira, en substance, l’inspecteur Coothen.

Rendez-vous téléphonique est pris avec une autre source Top Gunesque, version hélico, qui souhaite garder l’anonymat, pour ne pas se faire héliporter vers le pays des remontrances. Tom Creuse (prénom d’emprunt) nous expliquera qu’il y a, en fait, un programme de vol préétabli, qui s’étale sur une semaine.

Le lundi, par exemple, il y a les vols d’entraînement pour les aspirants pilotes, c’est le cas d’une jeune femme en ce moment*. Puis, il y a les vols ‘habituels’ avec la bridage antidrogue, la garde-côte nationale etc. Et puis, il y a les vols non-programmés, comme par exemple, en cas de manifestations, go-slow et autres ‘imprévus’.

Par ailleurs, le groupe de pilotes, qui reçoit des ordres directement du commissaire de police himself, se compose de quelque 11 policiers, dont deux Indiens et neuf Mauriciens. En général, l’équipage se compose d’un pilote, d’un co-pilote et de deux sauveteurs, dépendant de la mission à effectuer. Il peut également y avoir un ‘navigateur’ ou un ‘photographe’ à bord.

Revenons-en, à 20 km/h, au sujet qui nous intéresse: de quoi se nourrissent les coucous d’acier ? Les turbines utilisent principalement du JetA1, très proche du kérosène. Ont-ils un gros gosier, sont-ils assoiffés? Pour un Chetak, il faut compter environ 400 litres pour faire le plein. «Mé zamé pa ranpli li net sa, pou bann rézon dé sékirité», fait valoir notre source. Cette quantité de carburant équivaut à quelque 10 heures de vol.

Sinon, combien touche un pilote ? «Parey koumma lezot polisié. Mem barem. Pa guet spécialisation sipaki.» Tom Creuse, lui, touche dans les Rs 30 000, malgré plusieurs années de service. Et avec le coût de la vie, les policiers-pilotes n’ont-ils pas, eux aussi, envie d’entamer une opération go-slow version hélico ? «Ou bien koné si fer sa ki arivé.»

En guise de lot de consolation, des petits enfants, qui, émerveillés, lèvent la tête pour leur faire Coucou pendant qu’ils volent au-dessus de leur nid. «Toulézour nou trouvé sa. Sa fer plézir.»