Aujourd’hui, La Goélette Blanche est prête à prendre la mer, mais la coopérative de pêcheurs de Bambous-Virieux qui l’a commandée se retrouve avec un budget réduit, en raison de l’appréciation du dollar américain, entre autres. Ces pêcheurs lancent un appel aux autorités pour les aider à trouver les Rs 700 000 manquantes afin de sortir le bateau du chantier au Sri Lanka.
En 2018, le ministère de la Pêche lançait le Semi-Industrial Fishing Boat Scheme. Financé par l’Union européenne, ce projet permettait à des coopératives de pêche de bénéficier d’un Grant de Rs 4 millions, représentant 50% du coût du bateau à cette époque. Les coopératives de pêche devaient faire un dépôt de Rs 400 000 à la MauBank, afin de bénéficier d’un prêt pour les autres Rs 4 millions.
Les coopératives Mandrin, Yéyé et Goélette Blanche, encadrées par le Mouvement pour l’Autosuffisance Alimentaire (MAA), ont été les trois premières bénéficiaires de ce plan. Si les deux premières ont déjà fait l’acquisition de leurs bateaux semi-industriels et entamé leurs campagnes de pêche, rejoignant ainsi Serenity, acheté quelques années plus tôt, la troisième société se retrouve dans une situation compliquée.
La pandémie de Covid-19, qui a éclaté en 2020, a bouleversé tous les plans des pêcheurs de Bambous-Virieux. Judex Rampaul, du Syndicat des pêcheurs, qui se fait leur porte-parole, explique : « Le bateau est actuellement en construction sur le chantier de Ceynor Foundation au Sri Lanka, tout comme c’était le cas pour Yéyé et Serenity. La livraison était prévue pour 2020, mais il y a eu la pandémie de Covid-19 entre-temps. Avec le confinement et la fermeture des frontières, tout a été bousculé. »
Depuis, les travaux ont repris et La Goélette Blanche est prête à prendre la mer. La date de livraison est pour mardi prochain 15 février. Sauf que les pêcheurs se retrouvent devant un nouvel obstacle. « De 2020 à ce jour, il y a eu beaucoup de changements. Le dollar s’est apprécié, tous les frais ont augmenté et les pêcheurs étant de la côte Sud-Est, ils n’ont pas travaillé pendant presqu’un an en raison de la marée noire du Wakashio. On se retrouve aujourd’hui avec un déficit de Rs 700 000 à Rs 800 000 pour pouvoir ramener le bateau à Maurice », fait-on comprendre.
Cette somme représente l’argent nécessaire pour le carburant, l’équipage et les équipements de navigation. « Nous avons multiplié les démarches auprès du ministère et de la banque, mais nous n’avons aucune solution jusqu’ici. Les pêcheurs ont même contribué Rs 175 000 de leur compensation du Wakashio, sur leur compte en banque, afin de bénéficier d’un Overdraft, mais cela s’est avéré infructueux », ajoute le porte-parole.
Judex Rampaul lance ainsi un appel aux autorités pour qu’elles viennent en aide à la coopérative. « Serenity et Yéyé ont démontré qu’il y a de l’avenir dans la pêche hors du lagon et c’est la population qui va en profiter. Avec un nouveau bateau en mer, il y aura davantage de poissons sur le marché pour les Mauriciens. C’est d’autant plus important à un moment où l’on parle du développement de l’économie bleue », dit-il.
Il affirme avoir fait une demande pour bénéficier du fonds sectoriel mis à disposition par l’Union européenne, dans le cadre de l’accord de pêche avec Maurice. Mais à ce jour, il n’a eu aucune réponse. « Les pêcheurs ont investi leur argent dans ce projet. C’est dommage qu’ils ne puissent plus aller de l’avant. Je demande au gouvernement de considérer leur situation », regrette-t-il.
Rappelons que le gouvernement avait prévu six bateaux semi-industriels sous ce plan. Le but est d’aider les pêcheurs à quitter le lagon pour aller opérer sur les bancs.
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