Sanctions américaines : un navire enregistré à Maurice ciblé pour livraison illégale de pétrole aux Houthis

Ces livraisons ont eu lieu après l’expiration d’une autorisation officielle le 4 avril 2025. Les entreprises concernées sont enregistrées aux Îles Marshall et à Maurice.

Le navire Maisan, battant pavillon panaméen et enregistré auprès de Bagsak Shipping Inc., basée à Maurice, a été officiellement sanctionné par le United States Department of the Treasury, via l’Office of Foreign Assets Control (OFAC). Un communiqué à cet effet a été publié par le département du Trésor des États-Unis le 28 avril dernier.

La compagnie maritime Bagsak Shipping Inc., enregistrée à Maurice, a facilité la livraison de gas oil au port yéménite de Ras Isa, contrôlé par les Houthis, à bord du Maisan, un navire battant pavillon panaméen. Le navire a terminé le déchargement de sa cargaison le 8 avril 2025, soit quatre jours après l’expiration d’une autorisation générale temporaire (GL 25A) qui permettait, jusqu’au 4 avril, certaines transactions impliquant des produits pétroliers raffinés à destination du Yémen. Cela constitue donc une violation directe des sanctions américaines.

Cette opération place Maurice dans une position délicate, car toute entité détenant des intérêts, directement ou indirectement, dans des navires ou des compagnies désignées par l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) s’expose à de lourdes sanctions économiques.

Selon le département du Trésor des États-Unis, les Houthis utilisent le port de Ras Isa pour importer des produits pétroliers raffinés, qu’ils revendent ensuite à prix fort sur le marché noir. Ces revenus servent à financer leurs achats militaires et à exacerber la crise humanitaire au Yémen, notamment en créant des pénuries artificielles de produits de première nécessité.

Le cas du Maisan est d’autant plus préoccupant qu’il est soupçonné d'avoir participé, depuis février 2023, à l’exportation de pétrole brut et de produits pétroliers russes, en contournant les sanctions occidentales imposées à Moscou. L’entreprise qui gérait auparavant le navire serait une figure de proue de la « flotte fantôme » russe.

Washington est clair : cette mesure vise à assécher les sources de financement des Houthis, dont les actions militaires dans la mer Rouge — attaques de navires commerciaux, utilisation de drones et de mines navales — menacent la sécurité régionale et la liberté de navigation.

La mention que BAGSAK SHIPPING INC, basée à Maurice, est visée par des sanctions secondaires en vertu de la section 1(b) de l’Executive Order 13224, tel qu’amendé par l’Executive Order 13886, indique une implication présumée dans le soutien à des activités terroristes, notamment celles liées à ANSARALLAH (les Houthis du Yémen, classés comme organisation terroriste étrangère par les États-Unis).

Voici les éléments clés de la teneur de ces sanctions :
Base juridique

• Executive Order 13224 (2001) cible les personnes ou entités soutenant le terrorisme.
• EO 13886 (2019) a renforcé cet ordre en facilitant la désignation de nouveaux acteurs et en élargissant les critères.
• Section 1(b) autorise des sanctions contre toute entité ayant aidé, parrainé, ou fourni un soutien matériel ou financier à une entité désignée comme terroriste.
  Conséquences pour BAGSAK SHIPPING INC

1. Gel des avoirs : Tous les avoirs détenus aux États-Unis ou par des personnes américaines sont gelés.
2. Interdiction de transactions : Il est interdit pour toute personne ou entité américaine de faire affaire avec BAGSAK SHIPPING INC.
3. Sanctions secondaires : Même les entités non américaines (banques, entreprises, etc.) peuvent être sanctionnées si elles font affaire avec BAGSAK SHIPPING INC, ce qui isole fortement l'entreprise du système financier international.

Lien avec ANSARALLAH

1. Le fait que BAGSAK SHIPPING INC soit liée à ANSARALLAH suggère une présomption de soutien logistique, financier ou opérationnel au mouvement houthi, actif au Yémen et accusé d’actes terroristes contre des intérêts régionaux et internationaux.