Quasiment tous les éléments disponibles après cette première semaine d'opération tendent à confirmer que l'introduction des Speed Cameras sur les routes n'est nullement au point dans le cadre du projet de permis à points. Le démarrage de cet exercice semble marqué par un excès de vitesse, excusez-nous, de précipitation, de la part du vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques, Anil Bachoo, qui avait cru frapper un grand coup une semaine après le dramatique accident au virage de Sorèze avec dix morts.
Le principal point d'interrogation avec des répercussions éventuelles quand ces cas de contravention pour excès de vitesse sanctionnés par des caméras seront contestés devant les instances judiciaires appropriées tourne autour de la marginalisation de la Traffic Branch aux dépens d'une compagnie privée, ProGuard Limited. La principale compétence de cette dernière société concerne la sécurité des immeubles par surveillance électronique. Entre-temps, une première lettre de dénonciation du choix de cette compagne a déjà atterri au Registry de l'Independent Commission against Corruption (ICAC), même si peu de renseignements ont transpiré quant à la suite qui sera donnée à cette affaire.
Un premier constat après cette première semaine suite à la mise en opération des Speed Cameras met en exergue la mainmise de la douzaine d'employés de ProGuard Ltd sur tout le système de la banque de photos transmises par les 20 caméras installées de même que les six caméras mobiles. Les quatre policiers affectés à la Photographic Enforcement Unit (PEU) n'ont absolument aucun contrôle sur l'ensemble des opérations depuis la réception des photos des véhicules pris en flagrant délit de contravention du code de la route à l'émission des Photographic Enforcement Penalty Notices.
Pour preuve, et pour confirmer l'absence de transparence, les responsables de la Traffic Branch ou encore de la police, dont la sécurité routière est une de leurs attributions majeures, ne sont pas en mesure de révéler le nombre de photos prises à tort ou à raison par les Speed Cameras depuis le vendredi 10 mai à 18 heures. Le seul élément communiqué à Week-End est que l'équipe de la Photographic Enforcement Unit de la police a traité 500 cas d'excès de vitesse en une semaine. Le plus grand nombre de véhicules a été flashé par dans la région de Phœnix.
Par contre, aucune indication existe à l'effet si les premières contraventions par le truchement de Photographic Enforcement Penalty Notice ont déjà été servies dans ces 500 premiers cas. Également, aucune confirmation quant au nombre d'image tests réalisés par les Speed Cameras, suscitant du même coup un véritable stress chez des conducteurs avec les yeux rivés sur le tableau de bord pour confirmer que la vitesse était inférieure à la limite permise. Encore aucune indication quant au sort réservé aux photos de cette série d'image tests avec la garantie verbale que les chauffeurs n'allaient être nullement verbalisés.
Des sources bien renseignées avancent que dans certains cas, le calibrage des Speed Cameras demande à être revu. En effet, elles soupçonnent que les caméras installées se déclenchent de manière intempestive au passage des poids-lourds. Dans un cas, un de ces véhicules roulant à environ 25 km/h aurait été flashé à 86 km/h alors que le chauffeur venait à peine de démarrer. Week-End n'a pas été en mesure d'obtenir confirmation de ce détail auprès des autorités concernées.
Dev Nathoo, Principal Engineer au ministère des Infrastructures publiques et propulsé en tant que coordinateur du projet de Speed Cameras, n'a cessé de répondre à la presse pendant toute la semaine qu'il fallait obtenir le feu vert du chef de Cabinet de son ministère pour communiquer. Interrogé au téléphone par Week-End, hier, au sujet de ce problème de flashage de poids-lourds, le Principal Engineer n'a pas trouvé mieux que de répondre : "Je ne peux communiquer à la presse sans consulter le Permanent Secretary." De son côté, le Principal Assistant Secrerary Jajkishore Bunjun, après avoir pris connaissance de la teneur des interrogations à ce même sujet, a préféré jouer à cache-cache au téléphone avec Week-End, toujours hier matin.
Les appréhensions autour du hijacking des pouvoirs de la Traffic Branch par la compagnie ProGuard Ltd. en matière de contraventions pour excès de vitesse ont été portées à la connaissance des responsables de la police. Trois réunions entre des représentants de la police et des hauts cadres du ministère des Infrastructures publiques se sont déroulées au cours de la semaine écoulée sans qu'aucune solution ne soit trouvée aux questions d'accès à l'ensemble des images transmises par le réseau de Speed Cameras en prévision des Court Cases. Les représentants du ministère ont tout simplement répété que les conditions du contrat passé avec ProGuard Ltd doivent être respectées. Des pressions ont été exercées en vain en vue d'avoir accès à ce contrat mettant K.O. la Traffic Branch dans une de ses plus importantes responsabilités en matière de sécurité routière.
En ce qui concerne l'accès aux fichiers informatiques des véhicules enregistrés auprès de la National Transport Authority (NTA), des sources autorisées aux Police Headquarters ont tenté de rassurer que seuls les policiers de la Photographic Enforcement Unit peuvent s'engager dans cette étape. Cette banque de données de la NTA doit être consultée de manière systématique en vue de procéder à l'identification des propriétaires de véhicules flashés. Jusqu'ici, Week-End n'a pas été en mesure d'obtenir confirmation indépendante de cette information.
Avec le barrage d'interpellations parlementaires de l'opposition, mardi à l'Assemblée nationale, sur le contrat de Speed Cameras d'une valeur de Rs 172,2 millions pour une période de trois ans, le vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques devra être en mesure d'éclairer la lanterne des chauffeurs sur les dessous de ce projet.
Néanmoins, des Speed Camera Bidders (Unfairly Disqualified) ont déjà pris les devants en dénonçant à l'ICAC un cas présumé de corruption en faveur de la compagnie située à Unroop Lane, avenue Renganaden Seeneevassen, Palma, Quatre-Bornes. Cette correspondance en date du 13 mai réclame une "immediate investigation of the tender document and see if ProGuard Ltd. is qualified for this tender".
Ces soumissionnaires mécontents avancent que la société, qui gère les Speed Cameras, ne détient aucune expertise en la matière vu que sa spécialité relève de la sécurité des immeubles et dans un cas de caméras de surveillance (CCTV). "How come that some companies that are experienced in speed cameras did not even qualify for the tender ? How come international companies with better bids and more experienced in speed enforcement cameras were eliminated despite being in the better position in the selection process ?" se demandent-ils.
Les muscles financiers de ProGuard Ltd. sont également remis en question car la capacité financière était un des critères majeurs lors de l'exercice d'appel d'offres. Vu que ce n'est que le 8 mai que la compagnie ProGuard Ltd. a fait déposer des détails préliminaires de ses opérations financières pour 2010 à 2012, des questions se posent sur les données présentées dans le dossier d'appel ayant fait l'objet d'évaluation lors des procédures d'appels d'offres.
Autant de mystères à être élucidés sur la compagnie ayant décroché le contrat lucratif des Speed Cameras avec le démarrage de ses opérations en 2003 suite à un permis de service d'agents de sécurité...
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