Surveillance : Le mystère du bateau arraisonné au large d’Agalega reste entier

2 years, 9 months ago - 17 January 2022, Le Mauricien
Surveillance : Le mystère du bateau arraisonné au large d’Agalega reste entier
Les neuf membres d’équipage, dont un adolescent de 15 ans, en quarantaine Covid-19 pendant 10 jours au Chaland sous le contrôle de la NCG

Interpol alertée en vue de retracer l’identité de ces clandestins de l’OI et les Affaires étrangères en contact avec le Pakistan et l’Iran pour des compléments d’informations

Le rafiot, ramené au port sous escorte du CGS Barracuda, placé sous scellés avant tout prélèvement du Forensic Science Laboratory pour des besoins d’analyses

Une semaine après l’arraisonnement de cette embarcation fantôme avec neuf clandestins à bord, dont un adolescent de 15 ans au large de l’archipel d’Agalega, par la patrouille maritime du CGS Barracuda, le mystère demeure entier. Jusqu’ici, ces membres d’équipage, placés sous contrôle des autorités mauriciennes, se sont montrés très avares d’informations à leur sujet, d’autant qu’ils n’ont sur eux aucun papier d’identité et que le bateau ne porte aucune trace de Port of Registration au terme des lois maritimes. La situation se complique davantage pour les autorités mauriciennes, voulant au plus vite, pour des raisons de sécurité, tirer au clair la sinistre présence de cette embarcation dans les eaux territoriales de Maurice.

En effet, quatre des neuf personnes à bord de cette embarcation ont été testées positives au Covid-19 et tout l’équipage placé en quarantaine dans une aile des locaux de la National Coast Guard au Chaland. Deux membres de la force policière, qui assuraient la garde à bord de l’embarcation, ont également été testés positifs et placés en auto-isolement. De ce fait, pour les prochains dix jours, tout contact pour les besoins d’interrogatoire avec ces ressortissants étrangers a été interdit formellement.

Il n’empêche qu’au cours de cette période, les responsables de cette enquête relevant des dispositions sous la United Nations Convention of the Law of the Sea (UNCLOS) initieront toute une série de démarches sur le plan international et diplomatique en guise de groundwork. Ainsi, tout un dossier autour de cette opération dans la zone économique exclusive en date du 10 janvier est actuellement en voie de compilation pour solliciter la collaboration d’Interpol pour approfondir cette enquête à multiples volets. L’apport d’Interpol est jugé comme étant critique pour faire avancer l’enquête.

De son côté, le ministère des Affaires étrangères sera appelé à pratiquer des ouvertures avec le Pakistan et l’Iran en vue de déterminer si leurs ressortissants ne sont pas portés manquants depuis au moins Noël ou encore si une embarcation, ayant pris la mer vers cette même dernière période, ne serait pas rentrée au port jusqu’ici. Ces deux pays sont ciblés parce que dans leurs premières succintes explications, ils avaient d’abord fait comprendre qu’ils étaient originaires du Baloutchistan, Pakisan, pour ensuite parler de Chabahar en Iran.

La première étape sera d’établir la nationalité des membres d’équipage pour pouvoir reconstituer le trajet emprunté dans l’océan Indien pendant la vingtaine de jours précédant leur interpellation à quelque 160 milles nautiques au Nord-Est d’Agalega ou encore à 590 milles nautiques au Nord de Port-Louis. L’absence de pièces d’identité sur eux paraît un obstacle quasi insurmontable dans la conjoncture.

Équipements dernier cri

L’une des rares pièces justificatives en possession des enquêteurs se résume à une Covid-19 Vaccination Card au nom d’un dénommé Majeed en date du 8 octobre de l’année dernière. Ce document aurait été émis par le Government of Sindh Health Department du Pakistan. « Mais qui nous dit si cette Vaccination Card ne serait pas un faux document ? Le ministère des Affaires étrangères aura la responsabilité de rechercher les compléments d’informations auprès des autorités compétentes au Pakistan ou ailleurs à ce sujet », fait-on comprendre au sein de l’escouade des enquêteurs aux Casernes centrales.

Alors que les responsables de l’enquête avaient déjà réservé les services d’un interprète pour les séances d’interrogatoire préliminaire dès ce week-end, ils ont dû revoir leur plan de travail. Avec la détection des cas avérés au Covid-19 parmi les membres d’équipage et leur mise en quarantaine, aucun développement majeur n’est à prévoir pour les prochains dix jours.

Par ailleurs, l’accès à l’embarcation sous le contrôle de la National Coast Guard dans le port est également interdit pendant cette dizaine de jours. De ce fait, les spécialistes du Forensic Science Laboratory, de l’Anti-Drug & Smuggling Unit ou encore des Pêcheries devront patienter encore avant de monter à bord pour des prélèvements à des fins d’analyse. De prime abord, des éléments de la National Coast Guard, menés par de l’assistant-surintendant de police Vikrak Mangroo lors de l’arraisonnement du 10 janvier en pleine mer, n’auraient rien relevée de compromettant, sauf des filets de pêche en tant qu’exhibits pour prouver des activités d’illegal unregulated and unreported fishing.

À la suite de cette opération menée par l’équipe de la NCG à bord du CGS Barracuda, deux faits retiennent l’attention. D’abord, l’intérieur du bateau donnait l’impression d’être repeint récemment avec « the paint still wet ». Ensuite, la gamme d’équipements de dernière technologie en communication maritime, soit l’Automatic Identification System, le GPS, la V/UHF Radio, des téléphones satellitaires et cellulaires, pousse à croire que ce sont pas des amateurs en matière de contrebande en haute mer.

En tout cas, la thèse que ces neuf ressortissants étrangers étaient en mer depuis une vingtaine de jours à la recherche d’une embarcation portée manquante ne tient plus. Mais le mystère perdure quant à leur présence en plein cœur de l’océan Indien au large de l’archipel d’Agalega avec des Indiens en course contre la montre dans la construction de nouvelles infrastructures aéroportuaires et portuaires pour le compte de la marine indienne…

Bateau intercepté dans les eaux mauriciennes : l’ADN des neuf marins sera expédié à Interpol

La nouvelle a fait le buzz sur les réseaux sociaux, vendredi 14 janvier. Intercepté au large d’Agaléga, lundi dernier, un bateau avec à son bord neuf personnes est soupçonnée d’être d’origine iranienne.

N’arborant ni immatriculation, ni pavillon, l’embarcation avait été repérée alors qu’elle traversait à 160 miles nautiques à l’est d’Agalega par le NCG Barracuda qui était en mission dans la Zone économique exclusive mauricienne au nord de l’Océan Indien. Les membres de l’équipage n’ont aucune pièce d’identité et aucun document sur eux. Ils ne parlent presque pas l’anglais.

Interpol sera sollicitée pour aider à faire la lumière sur cette affaire. L’ADN de ces neuf marins sera envoyé à Interpol dans les jours qui suivent. Il faudra attendre que les marins complètent leur quarantaine. D’ailleurs, il nous revient que les neuf marins ont été testés positifs à la Covid-19.