C’est dorénavant une nouvelle manière de vivre pour combiner une meilleure hygiène de vie, la découverte de l’arrière-pays et surtout de nouveaux contours de convivialité. Comme un besoin de recréer des espaces de liberté, pour mieux respirer, mieux communiquer, vivre à visage découvert après cette réclusion forcée pendant des mois, interdisant tout contact par peur de la propagation du virus.
Des groupes se sont ainsi formés en fonction des affinités pour prendre la revanche sur le virus (avec au départ des conditions contraignantes, assouplies petit à petit) pour des sorties (baptisées randonnées) dans un nouvel écosystème. Bref dans une nature épanouie qui avait repris ses droits. Ceux qui d’habitude faisaient la grasse matinée, se calaient dans leur fauteuil devant la télévision et après un copieux déjeuner, jouissaient de longues siestes dominicales ont commencé à se réveiller dès potron-minet, à se préparer, avec joie, pour faire subir à leur corps les pires tortures.
Comme le virus, ce nouveau craze n’a épargné personne. Tous ont été atteints. Le 3e âge, un peu plus, parce que très enthousiaste, comme pour conjurer la fatalité de la vieillesse ou, avec moins d’ambition, pour retarder des crises arthritiques ou pour ramener les taux de cholestérol et de diabète à des seuils plus raisonnables. Si ce n’est pour garder un minimum de forme afin de pouvoir exhiber une fine silhouette à un âge avancé.
‘Le Folkloric Explorer, sans bruit, sans odeur (de kérosène), fonctionnant grâce à des panneaux solaires et une éolienne pour découvrir une partie de la mer du sud, libérée de toute menace de pollution.’
Les adeptes de cette nouvelle pratique (sportive) avouent, à leur grande honte, que leur vie sédentarisée jusqu’ici et leurs dimanches cloîtrés ne leur avaient pas permis de partir à la découverte de leur pays. Et que, du jour au lendemain, ils ont appris carrément la géographie : en escaladant des montagnes abruptes, en descendant dans de profondes vallées, en remontant des rivières tumultueuses pour découvrir, dans une euphorie juvénile, des chutes brutales (d’un froid polaire) sous lesquelles leur corps endolori, par la marche, se requinque pour pouvoir remonter des pentes raides.
Bref une pratique acquise, parce que les pique-niques, interdits, leur avaient permis de faire connaissance avec la richesse de l’arrière-pays et de ses habitants accueillants. Si loin des bruits et du stress des villes. Enfin ces sorties permettent aux randonneurs de différents horizons de se retrouver, en l’espace de quelques heures, pour partager de fortes émotions que procure l’épreuve. Souvent une main tendue prévient une chute ; un fruit, un sandwich partagé ou une plaisanterie crée des liens dans un climat de convivialité et de mieux vivre ensemble.
Dimanche dernier, une randonnée hybride Terre/Mer a donné une nouvelle dimension à ces escapades dominicales. Après un trek de 7 km sur les pistes poudreuses de La Cambuse à Le Bouchon (aller-retour), organisé par @Netwalking.mu de d’Arnaud Godère (qui en a fait une véritable passion), les marcheurs ont embarqué sur le Folkloric Explorer, un navire écolo sans bruit, sans odeur (de kérosène), fonctionnant grâce à des panneaux solaires et une éolienne pour découvrir une partie de la mer du Sud, libérée de toute menace de pollution bien que le souvenir du Wakashio hante encore les esprits. Un bateau conçu par Marcel Lindsay Noé, réalisé par Pierre Sénèque et financé par SPES.
Cette randonnée amphibie constitue un enrichissement certain car les mers du Sud recèlent une riche histoire de notre pays que Marcel Lindsay Noé, le concepteur du Folkloric Explorer veut faire connaître aux Mauriciens et aux touristes. Dans le Sud, la mer est une véritable bibliothèque.