Le contexte
Il n'était déjà pas favorable aux salons automobiles ! Avant l'arrivée du Covid, ces shows étaient fragilisés par des absences de plus en plus nombreuses. Les constructeurs remettaient en cause leur participation à ces événements coûteux, aux retombées qu'ils ne jugeaient plus rentables. De quoi faire tanguer des rendez-vous que l'on pensait indéboulonnables. Avec un nombre record de constructeurs absents, le Salon de Francfort a vu sa fréquentation chuter de 30 % pour son édition 2019 !
La fin des salons n'était toutefois pas annoncée, heureusement ! Aucun grand nom de l'automobile n'avait fait le choix de ne plus y participer. Mais les marques avaient commencé à revoir leur stratégie, avec deux aspects : d'une part, s'inscrire aux événements les plus porteurs pour eux, et d'autre part faire le déplacement s'il y avait une grosse nouveauté à montrer.
Si le Salon de Genève n'était pas épargné par les absences (Citroën, Peugeot, Ford ou encore Nissan n'étaient pas annoncés en 2020), le show suisse gardait un gros intérêt, avec un beau programme de nouveautés et concepts (Audi A3, Dacia Spring, DS 9, Fiat 500 électrique, Toyota Yaris Cross…). Mais patatras…
La décision
Le 28 février, l'annonce fait l'effet d'un choc. Vendredi en fin de matinée, trois jours avant l'arrivée des premiers journalistes, les organisateurs du Salon de Genève annoncent l'annulation de l'édition 2020. Du jamais vu, alors que le montage des stands est quasiment terminé. La raison ? Le coronavirus bien sûr.
La progression du nombre de cas en Europe commence à susciter l'inquiétude et les premières mesures de restriction se mettent en place. Chez nos voisins, le Conseil Fédéral décide le 28 février d'interdire les rassemblements de plus de 1 000 personnes, ce qui a condamné le Salon de Genève.
Une brutalité de la décision qui a pu être contestée par les organisateurs et les constructeurs participants. Mais avec le recul que l'on a maintenant sur l'épidémie, on peut se dire qu'un cluster géant a été évité ! Le Salon de Genève, c'est 10 000 journalistes venus des quatre coins du monde et 600 000 visiteurs, avec de nombreux Français, Allemands et Italiens.
Une annulation pure et simple qui a été une première de cette envergure, et évidemment pas la dernière.
Et depuis ?
L'année a quasiment été blanche en matière de salon automobile. Depuis le show de Bruxelles en janvier 2020, aucun grand événement n'a eu lieu en Europe. Il en a été de même aux États-Unis. Un seul rendez-vous d'envergure a finalement eu lieu l'année dernière : Pékin. Initialement prévu en avril, le show chinois a ouvert ses portes fin septembre, avec une belle affluence. Et il faudra à nouveau regarder du côté de la Chine pour avoir le prochain salon international, fin avril, à Shanghai.
Le pays met en avant son contrôle de l'épidémie, basé sur une surveillance poussée de ses habitants. Pour l''Amérique et l'Europe, c'est toujours le Covid qui gagne la partie. Au pays de l'Oncle Sam, les organisateurs du salon de Detroit ont déjà annulé l'édition 2021 et donné rendez-vous pour juin 2022. New York a été maintenu, mais avec un report d'avril à août.
En Europe, alors que les organisateurs du Salon de Bruxelles avaient prévu une édition pour janvier 2021, ils ont dû jeter l'éponge en octobre. Et Genève enchaînera une deuxième année sans salon. Il n'a même pas été question d'annuler : les organisateurs n'avaient au final pas calé un show !
L'annulation en dernière minute a eu de terribles conséquences financières pour eux. Si le canton de Genève était prêt à voler à leur secours, c'était à la condition d'un remboursement qui devait commencer en juin 2021, avec un salon en 2021. Mais dès juin 2020, les organisateurs ont fait savoir que mettre sur pied un salon pour cette année était mission impossible, à cause du contexte sanitaire toujours incertain. Surtout, ils avaient tâté le terrain du côté des marques, et une majorité ne comptait pas participer à un salon en 2021, donnant rendez-vous pour 2022 !
Les marques ont été impactées financièrement par le Covid. Les dépenses accordées aux salons vont donc en faire les frais à court terme. Cette année blanche a aussi montré à certains qu'on peut se passer de ces salons pour dévoiler et lancer de nouveaux modèles. Pas de quoi rassurer sur l'avenir de ces événements !
Il ne faut toutefois pas les enterrer à ce jour. La reprise économique peut leur redonner de la vigueur, avec un public avide de sorties. Ils vont toutefois se réinventer. Assurément, les shows démesurés sont du passé. Les salons automobiles vont prendre des formes plus simples. Après la mauvaise édition 2019, le VDA, l'union de l'industrie automobile allemande, a décidé de mettre fin au Salon de Francfort. Direction Munich, en septembre 2021, avec un rendez-vous plus court, plus interactif. À ce jour, il est maintenu et serait donc le prochain grand salon auto européen.
Les salons vont aussi davantage miser sur la proximité. On voit notamment un bon avenir aux événements à portée régionale ou nationale, comme le Salon de Lyon chez nous, revu sous la forme d'une super-concession. En 2019, toutes les marques étaient là et 1 800 véhicules avaient été vendus en 5 jours !