Qui sont ces chauffeurs? Combien sont-ils à se déplacer chaque week-end? Quelles modifications sont les plus courantes? Et comment se fait-il que ce n’est que maintenant que l’on découvre toutes ces anomalies? L’express s’est rendu sur place et a pu glaner quelques éléments de réponse.
Midi, le dimanche 27 mars. La file d’attente de véhicules est impressionnante et va jusqu’à l’autoroute. Ils sont plus d’une centaine à attendre leur tour. Camionnettes, kamion sorbé, taxis, petites voitures, grandes voitures… Les chauffeurs semblent être à bout de nerfs. Las d’attendre dans cette chaleur, plusieurs choisissent de sortir griller une cigarette. «Nou la dépi 7 heures di matin. Pa fasil», lâche l’un d’eux.
Pourtant, au centre de fitness de Plaine-Lauzun, les officiers font de leur mieux. Plus d’une vingtaine d’officiers, dont des policiers, sont occupés à examiner les véhicules. Chaque automobile est examinée méticuleusement pendant une demi-heure en moyenne.
Mohamed Fawsay Pokun, Chief Vehicle Examiner de la NTA, explique qu’environ 400 véhicules sont examinés chaque week-end. À midi dimanche, le nombre de véhicules examinés s’élevait déjà à 160, en fin de journée, le chiffre était de 266. La veille, soit samedi, 270 véhicules ont été examinés.
1 258 véhicules modifiés ont été examinés et régularisés depuis le début de l’exercice, qui devrait se poursuivre jusqu’au 10 avril. Les dossiers concernant les véhicules examinés ont été transmis à la police pour établir s’il y a eu fraude.
«FAUTE PÉNALE»
Mais quels sont les conducteurs qui viennent avec leurs véhicules ? «Il y a deux catégories de personnes celles qui viennent volontairement en sachant que leur véhicule comporte une modification. Et celles qui sont allées s’enregistrer pour l’examen de fitness et des anomalies ont été décelées. On leur a ensuite demandé de se présenter ici en week-end», fait valoir Mohamed Fawsay Pokun. Une fois le véhicule vérifié et les changements notés, le propriétaire reçoit une amendment form et un nouveau registration book.
La majorité des cas impliquent les changements de types de moteur, comme par exemple le remplacement d’un petit moteur par un plus puissant. Il arrive aussi que le numéro de châssis ait été modifié. D’autres encore ont repeint leur voiture d’une autre couleur. «La couleur du véhicule peut être changée mais il faut avertir les autorités d’abord», explique un responsable.
Pour Imran Ally Aubeeluck, Senior Mechanical Engineer, le facteur «road worthiness» est également pris en considération. Déjà, depuis le début de cet exercice, une dizaine de propriétaires de véhicules ont écopé d’un Prohibition Order, alors que tous les autres cas sont référés à la police. «Certains avouent avoir modifié leur véhicule, d’autres disent qu’ils n’étaient pas au courant. Ce n’est pas notre rôle de déterminer qui dit vrai et qui a fauté. C’est à la police de le faire», avance Mohamed Fawsay Pokun.
Entre-temps, les policiers, sous la supervision de l’ACP Ananda Juggiah, prêtent main-forte à la NTA. En sus des jours de semaine, les week-ends, ces hommes travaillent de 7 heures à 18 heures.
Alors que leurs véhicules sont examinés, deux conducteurs, la mine crispée, observent dans un coin. Nous allons à leur rencontre. Le premier, un habitant de Quatre-Bornes, avoue avoir changé de moteur. «Je l’ai fait moi-même. Qu’est-ce que je peux dire d’autre? Mais c’est bien que le gouvernement mette de l’ordre», lâche-t-il, contrit. L’autre propriétaire, un chauffeur de taxi, explique, quant à lui, avoir acheté le véhicule tel quel.
Toutefois, une question mérite d’être posée : pourquoi est-ce maintenant que tous ces véhicules affluent? Et comment se fait-il que ces modifications n’aient pas été relevées pendant toutes ces années? Sur place, les langues sont cousues. L’on évoque le manque d’effectif.
Et la corruption dans tout ça ? Pour Jack Bizlall, membre de l’Observatoire de la démocratie, ce «scandale» permet de lever le voile sur deux types de corruption. «La corruption était présente depuis longtemps. Beaucoup de gens ont pu s’enrichir avec ces pratiques frauduleuses. Ce type de corruption est particulier car il implique non seulement des individus mais tout le système aussi», souligne-t-il.
Cependant, poursuit-il, le système en marche actuellement est «super». Il permet de «regulate sans pour autant étouffer la faute pénale».
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