Depuis la pandémie, l'Europe s'est rendue compte d'une chose : sans l'Asie, elle n'est rien. Elle n'était déjà rien sans le Moyen-Orient, la Russie ou encore les Etats-Unis en matière d'énergie (gaz et pétrole), mais elle n'est rien non plus sans la Chine, la Corée du Sud ou encore Taïwan pour tout ce qui touche à l'électronique et aux batteries. Dans un soudain réveil collectif, les politiques et industriels ont alors réalisé qu'il fallait agir. Ainsi, plusieurs grands projets d'usines de batteries émergèrent en Europe pour redonner de l'indépendance à un Vieux Continent qui en a bien besoin. France, Allemagne, Italie, Scandinavie, les gros investissements se sont multipliés, mais selon l'ONG Transport&Environment, la compétition avec les Etats-Unis et la Chine pourrait nous faire mal.
Batteries pour les voitures électrique : L'Europe trop chère ?
Il a suffi d'une annonce du président Joe Biden pour que la dynamique européenne de réindustrialisation soit remise en cause. Une annonce à 370 milliards de dollars, tout de même ! L'Inflation Reduction Act (IRA) doit en effet permettre aux Etats-Unis de financer un grand plan d'investissements pour les nouvelles énergies et de réduire l'imposition pour ceux qui joueront le jeu d'une production américaine. Conséquence directe : ceux qui avaient pour projet de faire des batteries de voitures électriques en Europe se demandent s'ils ne feraient pas mieux de traverser l'Atlantique. D'ailleurs, l'IRA n'est pas la seule motivation : Transport&Environment oublie également que les Etats-Unis ont un gaz bien moins cher que l'Europe. Le gaz, cette énergie essentielle à l'industrie...
Pour éviter la fuite des capitaux et des usines, l'Europe doit donc agir vite et proposer des plans d'allègement fiscaux pour inciter les industriels à rester chez nous : pour T&E, "l'UE doit offrir un soutien financier attractif pour augmenter la production de batteries sur le continent. Elle doit également accélérer les procédures d’approbation pour retenir les projets menacés par les subventions américaines". Sans cela, "un peu plus des deux tiers (68 %) de la production de batteries lithium-ion prévue en Europe en 2030 risque d'être retardée, réduite ou annulée", explique T&E.
Paradoxalement, tous les projets d'usines de batteries ne sont pas menacés de la même façon. Les sites de production français ne seraient que peu touchés par la délocalisation de dernière minute, à l'inverse de l'Allemagne : "l'usine Giga Berlin de Tesla est particulièrement menacée, l'entreprise ayant expliqué qu'elle allait concentrer la fabrication de cellules aux États-Unis pour profiter des incitations prévues par la loi sur la réduction de l'inflation".
En attendant, le 14 mars 2023 prochain, l'Europe discutera donc de "son" Net Zero Industrial Act. Même pour baptiser son plan, l'Europe est incapable d'être indépendante et de ne pas copier sur les Etats-Unis !
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