Baisse mondiale du prix des carburants: la STC joue les prolongations

il y a 2 années - 21 Novembre 2022, lexpress.mu
Baisse mondiale du prix des carburants: la STC joue les prolongations
Les prix des carburants continuent à alimenter l’actualité. Le Petroluem Pricing Committee (PPC) doit se rencontrer au plus tard le 14 janvier pour décider s’il baissera ou pas les prix de l’essence et du diesel.

De son côté, la State Trading Corporation (STC) étudie actuellement les offres des soumissionnaires qui ont participé à un appel d’offres pour lui fournir du «fuel oil» pour la période de février 2023 à janvier 2024. Elle a également lancé un appel d’offres pour l’achat de «white oil».

Les statistiques démontrent que les prix des carburants ne sont pas montés en flèche ces derniers temps. Il y a même une baisse comparativement au début d’année. Quand le PPC s’est réuni le 1er juillet pour fixer le prix de l’essence à Rs 74,10 le litre et celui du diesel à Rs 54,55, la STC avait payé l’essence à 1 133,55 dollars et le diesel à 145,13 dollars. Le PPC a eu une nouvelle réunion en septembre et a maintenu le prix de l’essence à Rs 74,10 et celui du diesel à Rs 54,55, alors que la STC avait acheté l’essence à 980,32 dollars et le diesel à 141,42 dollars.

D’après un document utilisé par des acheteurs qui est en notre possession, l’essence et le diesel continuent de baisser sur le plan mondial. Au 9 novembre, par exemple, l’essence, en Free on Board (FOB), était vendue à 639,45 dollars et le diesel à 131,35 dollars, selon l’Arabian Platts.

D’ailleurs, depuis le 10 octobre, le prix de l’essence de l’Arabian Platts n’a pas dépassé 652,10 dollar et le diesel, 142,53 dollars. C’était la seule journée durant cette période pendant laquelle il y a eu un pic. Pendant toute la première semaine de novembre, l’essence était vendue en moyenne à 637 dollars alors que le diesel était commercialisé en moyenne à 130 dollars.

D’après un spécialiste du secteur, il est fort probable que la STC doive payer une prime à son fournisseur et c’est pour cette raison que les prix de référence affichés dans sa structure de prix sont élevés. «Si les consommateurs paient les carburants aussi cher, c’est en raison des diverses taxes et des prélèvements, mais aussi il y a la prime que la STC devrait payer à son fournisseur. Elle aurait dû négocier avec une compagnie d’État pour avoir un meilleur prix. Les compagnies privées réclament une prime. C’est grâce à cela qu’elles survivent.»

Cet expert rappelle que plusieurs pays ont négocié avec des gouvernements producteurs d’essence directement pour avoir un meilleur accord. «Le Kenya est le dernier pays à l’avoir fait. Dans le passé, il y avait la Kuwait Oil Company et Mangalore qui nous fournissaient les carburants. Ce sont des compagnies d’État. Le gouvernement mauricien aurait dû négocier directement avec le gouvernement indien car Mangolore raffine le pétrole russe qu’il obtient à un bon prix.»

«Price Stabilisation Account» déficitaire

Lors d’une émission sur Radio Plus vendredi, le directeur de la STC, Rajiv Servansingh, a reconnu qu’effectivement il y a une baisse du prix de l’essence sur le plan mondial, mais il a ajouté que pour le diesel, c’est une tendance contraire. Il a donné également des signes qu’il ne faut pas s’attendre à une réduction des prix des carburants parlant du Price Stabilisation Account qui est déficitaire.

Le spécialiste en produits pétroliers affirme que ce n’est pas le cas. «Les indicateurs démontrent que le prix du diesel est stable si l’on se base sur l’Arabian Platts. D’ailleurs, il est aussi stable sur le marché de Singapour», note-t-il. D’après le cours de Singapour Platts, qui est souvent légèrement plus cher que l’Arabian Platts, il y a eu un bond le 10 octobre, quand le diesel était à 145 dollars, pendant une journée, puis il a connu une baisse pour atteindre 135,46 dollars le 9 novembre.

Les mouvements citoyens, les partis politiques ainsi que l’Association pour la protection des consommateurs réclament tous une baisse immédiate des prix des carburants. Le président du Mouvement militant mauricien, Reza Uteem, insiste pour que le gouvernement revoie sa politique. «J’insiste, il faut baisser les prix des carburants. Il y a un règlement qui dit que quand il y a une baisse de 4 % sur le plan mondial, il faut que ce soit répercuté sur les consommateurs. Or, nous constatons qu’il y a eu une baisse de 20 % sur le plan international et la STC n’a pas suivi», maintient-il.

Le député affirme que depuis 2014, le gouvernement a utilisé la vente des carburants pour financer le déficit budgétaire. «Il a imposé une série de taxes sur les produits pétroliers. À vrai dire, il y a plus de 50 % de taxes sur le litre de carburant. Les précédents gouvernements taxaient les produits alcoolisés et la cigarette, mais celui-ci taxe l’essence et le diesel. Ce faisant, personne n’y échappe. Les petits Mauriciens qui roulent une mobylette tout comme les hauts cadres qui conduisent une grosse cylindrée paient les mêmes taxes. Ce n’est pas normal.» De plus, rappelle le député, les taxes sur les carburants affectent toute la chaîne de production et, par ricochet, les consommateurs.

Reza Uteem considère anormal que l’argent prélevé par litre de carburant pour un but précis soit utilisé à une autre fin. «À titre d’exemple, le gouvernement a amassé un milliard de roupies pour aménager une unité de stockage à Mer-Rouge, mais uniquement Rs 91 millions ont été utilisées pour ce projet. Il en est de même pour les vaccins. Il a taxé les consommateurs pour acheter des vaccins périmés», déplore-t-il.

Par ailleurs, nous avons envoyé une série de questions à la direction de la STC jeudi matin pour éclairer nos lecteurs mais à hier aprèsmidi, nous n’avions reçu aucune réponse. Les réponses seront publiées lorsque la STC nous les fera parvenir.