Ben Buntipilly , Conseiller du Premier Ministre sur la Sécurité Routière – « Le Permis à Points ne Réprime Pas »

il y a 12 années, 4 mois - 11 Juillet 2012, The Défi Media Group
Ben Buntipilly , Conseiller du Premier Ministre sur la Sécurité Routière – « Le Permis à Points ne Réprime Pas »
Ben Buntipilly, qui est une des chevilles ouvrières du projet de permis à points, revient sur la nécessité d’introduire ce système à Maurice.

Le conseiller spécial du Premier ministre en matière de sécurité routière explique la nécessité du permis à points, soulignant que cette mesure vise avant tout à éduquer les chauffeurs, plutôt que les réprimer.

> Ben Buntipilly, pourquoi était-il nécessaire d’introduire le permis à points à Maurice ? N’aurions-nous pas pu nous en passer ?

Non. Car de nombreux pays au monde ont adopté ce système et il a fait ses preuves. Et je suis bien placé pour le savoir. Nous avons vu qu’il y avait une nécessité de venir de l’avant avec un tel projet.

> Les chauffeurs professionnels, de taxis, de vans, etc., ont fait état de certaines réserves concernant cette loi. Pourquoi ne pas leur avoir octroyé un plus grand nombre de points vu que, de par la nature de leur métier, ils sont davantage exposés aux infractions ?

Parlons en termes de sécurité routière. Plus une personne roule et plus la probabilité qu’elle soit impliquée dans un accident de la route augmente. Plus il y a mobilité, plus les risques d’avoir un accident augmentent. Cela est encore plus vrai lorsque l’on parle de taxis ou encore d’autobus. Il n’y a qu’à voir les statistiques à ce sujet. En Espagne ou encore en Italie, qui ont adopté cette mesure en 2006, le nombre d’accidents fatals a diminué de quelque 25 %. Clairement, il y a eu des résultats probants. Donc, il fallait faire en sorte de responsabiliser davantage les chauffeurs.  Il faut bien reconnaître que les chauffeurs professionnels, à cause de la fatigue, sont plus exposés à certaines infractions…

S’ils sont fatigués, ils doivent alors s’arrêter, car ils deviennent alors un danger pour la vie d’autrui. Comme je l’ai dit, notre priorité c’est la sécurité des chauffeurs, des passagers, des piétons, de tout le monde.

> Pourquoi il y a 19 infractions qui sont comptabilisées dans le cadre du permis à points et pas d’autres ?

Nous avons tenu à inclure surtout les infractions qui ont trait à la sécurité routière.

> Pourquoi l’alcool ne compte pas parmi les infractions où les points sont coupés ?

Il n’y avait pas lieu de le faire dans la mesure où la législation existante prévoit déjà des sanctions dures pour l’alcool au volant. Un contrevenant peut, effectivement, déjà encourir une amende de Rs 10 000 et une suspension de son permis jusqu’à huit mois. 

> La question des embouteillages a-t-elle été prise en compte lors de la préparation du projet de loi ? Car les problèmes de circulation poussent souvent les chauffeurs à aller plus vite pour rattraper leur retard...

Définitivement. Cette question a bien été abordée. Lorsque nous avons planché sur les mesures à être incluses dans ce projet de loi, nous avons pris tous les éléments en considération, dont la question des embouteillages. Je dois souligner que toutes les infractions sont dues aux mauvais comportements et qu’il faut les combattre. Et puis, je tiens à préciser que le texte de loi n’a pas encore  été voté et que ceux qui  veulent peuvent faire part de leurs propositions à travers leurs députés.

> Est-ce que les véhicules de la police ou encore des pompiers sont concernés par cette mesure ?

Les ‘emergency vehicles’ sont déjà évoqués dans la loi existante,  et il n’y a, donc, pas lieu de revenir là-dessus.

> Avec le permis à points, le gouvernement met l’accent sur la répression…

Je vous arrête tout de suite. Le permis à points a, avant tout, une valeur pédagogique et éducative. Nous voulons à travers l’introduction de cette mesure empêcher la récidive. Je le redis, c’est avant tout éducatif. Ce que nous voulons, c’est apprendre aux automobilistes à apprendre à se comporter. L’aspect punitif vient après. Le permis à points ne réprime pas.

> Pensez-vous que le côté conscientisation des automobilistes a failli en venant de l’avant avec le permis à points ?

Non, cela a définitivement contribué à changer les habitudes des Mauriciens sur la route. Mais cela ne pouvait tout  faire. Il n’y avait pas, selon moi, d’autres options que de venir avec ce système de permis à points.

> Outre les chauffeurs, ne pensez-vous pas que nous devons aussi nous intéresser aux piétons ?

Nous ne pourrons pas venir de l’avant avec un permis à points pour les piétons (rires). Sérieusement, nous avons un plan global, que ce soit pour les piétons, mais aussi pour les cyclistes ou encore les bicyclettes électriques. Nous travaillons sur ces dossiers.