Depuis quelques jours, le trajet entre les Plaines-Wilhems et Port-Louis est devenu un véritable enfer. Il n’est pas le seul à se plaindre, loin de là.
«Cela m’a pris deux heures pour rallier Port-Louis, alors que j’habite à Barkly. J’ai dû effectuer toutes sortes de déviations, j’ai bien failli me perdre», avance pour sa part Sheena. «Si ça continue je vais m’acheter un vélo», ironise quant à lui Ramesh.
Tous affirment qu’ils perdent le nord depuis que les panneaux de déviations ont poussé comme des champignons, surtout au niveau des villes sœurs. «Il y a des routes secondaires qui sont fermées la nuit, mais les panneaux indiquant la fermeture ou les déviations se trouvent tout au bout. Ils auraient dû les mettre bien avant», renchérit Ally. Qui ajoute : «Gagn kongolo !»
Mais les usagers de la route ne sont pas au bout de leur peine. Les déviations et les routes fermées feront partie de notre calvaire quotidien pour un bon petit moment encore. Mieux : le ministère des Infrastructures publiques et la police annoncent qu’il y en aura d’autres en raison des travaux du Metro Express.
Difficultés à Pont-Fer
Actuellement, c’est la région de Beau-Bassin–Rose-Hill, quelques régions de Port-Louis et une partie de Barkly qui sont principalement concernées. À Beau-Bassin, le rond-point fera place à un carrefour qui sera prêt d’ici le mois prochain.
Il y a également des travaux dans les environs du rond-point de Pont-Fer. La Road Development Authority y construit des autoponts pour décongestionner la région et ils ne seront prêts que l’année prochaine. D’où les difficultés pour les usagers de la route. Il est conseillé aux automobilistes de conduire «par observation et non par habitude». En gros, ouvrez l’œil pour ne pas vous retrouver dans quelque trou ou le nez dans une borne.
Attendez, ce n’est pas fini, on a d’autres bonnes nouvelles. Dans quelques jours, les automobilistes devront s’armer davantage de patience en empruntant l’autoroute à hauteur d’Ébène-Trianon. Une partie de ce chemin sera fermée afin de permettre à la Central Water Authority d’effectuer des travaux pour puiser l’eau du réservoir de la station de traitement de Bagatelle afin d’alimenter les basses Plaine-Wilhems. Pendant ce temps, la limitation de vitesse sera revue. La route sera également plus étroite.
Pas de carte
Du côté du ministère des Infrastructures publiques, un cadre explique qu’il est difficile d’établir une carte pour faciliter la tâche des automobilistes, de soulager leur souffrance, dans le sillage de tous ces travaux. «C’est quelque chose qui est ‘dynamique’. Aussitôt que les travaux se terminent dans une rue, l’entrepreneur ouvre un autre chantier. N’empêche que nous publions des communiqués dans la presse. Les automobilistes doivent également suivre les indications et les consignes de la police. C’est tout à fait normal que quand il y a des travaux de cette envergure, la circulation soit perturbée…»
Du côté des Casernes centrales, un policier affirme qu’un membre de la Traffic Branch participe chaque semaine à des réunions avec les responsables des chantiers et les ingénieurs de la Traffic Management and Road Safety Unit afin de planifier les déviations. «Il y a bien entendu nos communiqués, mais chaque matin un policier est chargé d’intervenir à la radio pour indiquer aux automobilistes des changements», déclare l’officier.
Prêtons l’oreille et ouvrons l’œil. Qu’importe si on perd la tête en route.
On a testé pour vous: Kourpa express
Samedi matin, 13 juillet. À Rose-Hill. Voitures, vans, bus, motos, bicyclettes, ORNI (objets roulants non-identifiés) sont dans le coaltar. À tous les coins de rue kas-kasé, des nids de poule, d’autruche, de ptérodactyle. Les panneaux jaune poussin sont partout – partrous. A1, Deviation, Bus Route 136,169,20 410, Go Here, Go There, Go Directly to Jail, Go To Hell.
À l’intérieur des voitures, des gens pas vaccinés contre la Road Rage. Si tu portes des talons, une fois à la maison, il n’en restera que la moitié. Si t’as oublié de te couper les ongles de pied, pas de panique ta pédale de frein s’en chargera. On roule pous par pous, les travaux du métro sont mis à l’index, avec un doigt d’honneur au milieu.
La souffrance se lit sur les visages déformés, sévé inn sifoné. «Touy mwa. Bondié ki monn fer pou merit sa? Hein ? Pa bon selman», supplient les regards de chien battu. Tiens, un ti kourpa. Il va plus vite que les véhicules. Les deuxroues slaloment entre les voitures, les Alain Prostate du guidon sont mieux lotis que les automobilistes et leurs quatre roues.
Rond-point de Gool. Le ventre fait goulou-goulou, t’as faim, t’as soif, t’en as assez. Des policiers tentent tant bien que mal, plus mal que bien, de mettre un peu d’ordre dans tout ça. Quelque 40 minutes plus tard, le 40 en a marre, il n’y a pas 36 solutions. Nou koup andan andan.
Fallait pas. Là tu tournes, tu tournes comme Vanessa, t’as la tête qui tourne, tu tournes de l’œil, tu te retournes dans ta tombe à châssis. Les panneaux expliquent qu’il ne faut pas passer là où il faut, ici mais là-bas, que le Nord s’est transformé en Sud, t’es à l’ouest. Vite, de l’avomin, y’a le vovo qui remonte.
363 jours, 28 heures, 72 minutes et 40 000 secondes plus tard, t’arrives au bureau. Décidément, tu rames à cause du tram.