Le Victoria Urban Terminal de Port-Louis, qui a fait l’objet d’un soft launching le 1er avril, semble faire l’unanimité auprès du public. A contrario, le retard dans l’exécution des travaux des terminaux de Curepipe, Quatre-Bornes, Vacoas et Rose-Hill, mérite qu’on s’y attarde.
Ces projets qui reposent sur des partenariats public-privé, placés sous la tutelle du ministère des Collectivités locales, peinent à trouver des financiers certes, mais pour autant, les autorités restent déterminées à ce que ces terminaux sortent de terre, au point de consentir à des concessions comme à Rose-Hill, où le nouvel appel d’offres, lancé le 25 mars, comprend des clauses permettant aux potentiels promoteurs d’inclure ou non dans le projet les parcelles de terres qui leur ont été proposées dans le document de soumissions. À Quatre-bornes, la mairie, qui a déjà fait des propositions fermes aux autorités, défend bec et ongles la construction d’une passerelle commerciale.
Les choses se précisent à Curepipe, qui privilégiera les deux gares Jan Palach et le bazar pour l’aménagement du terminal, alors que Vacoas peine à trouver un promoteur.
L’Urban Terminal de Rose-Hill, qui aurait déjà dû être sorti de terre depuis deux ans, n’en finit pas de faire couler de l’encre. Pour mémoire, en mars 2018, le premier appel d’offres avait été annulé après le non-respect par l’unique soumissionnaire d’une condition inscrite au document, soit la location du bail sur un terrain d’un arpent 94 perches estimé à Rs 19 M par an sur 60 ans. Lors du deuxième appel d’offres en avril 2019, la mairie avait décidé d’abaisser la location du bail de Rs 19 M à de Rs 1,2 M. Ce qui avait suscité le courroux de la part des conseillers de l’opposition et contraint l’ancien maire Ken Fong d’annuler l’exercice de sélection.
Rebelote en 2021 avec la tentative infructueuse de la ville de trouver un soumissionnaire enclin à se conformer aux conditions retravaillées de la RFP, qui incluait cette fois-ci non seulement le développement d’un terminal à la gare de Rose-Hill, mais également sur les sites du CEB, du bazar et des foires Da Patten et Arab Town.
C’est n’est que partie remise, apprend-on auprès de certaines sources proches du dossier. En effet, afin de mettre toutes les chances de leur côté après cette série de rejets, la mairie, les ministères des Collectivités locales et des Terres ont décidé d’inclure, dans le dernier document d’appel d’offres, une clause permettant aux éventuels soumissionnaires d’écarter l’une des parcelles de terre (voire plus) mentionnée dans les propositions de 2021. Il nous revient que le site qui abrite le bâtiment du CEB, d’une superficie d’un arpent et appartenant à l’État, est celui qui attise le plus de convoitise, dans la mesure où il se situe juste en face de la station de métro. Ladite zone est d’autant plus attrayante que juste à côté du CEB se trouve le bâtiment délabré d’Atrium qui, même s’il fait l’objet d’une longue bataille juridique et de recherches des héritiers, pourrait bien, à l’avenir, se greffer au futur terminal lorsque le litige sera résolu.
La problématique des parkings
L’appel d’offres a été lancé le 25 mars dernier. Le ministère des Collectivités locales souligne que “the applications in English language and clearly marked “Request for Proposals for Development and Operation of an Integrated Urban Terminal at Rose-Hill” should be deposited in the Bid Box, in original plus two copies at Level 3, Emmanuel Anquetil Building Corner SSR & Jules Koenig Streets, Port-Louis on or before 28 April 2022 by 14hr00 (local time) at latest.”
Les choses semblent se décanter à Quatre-Bornes, où le maire Nagen Mootoosamy entend s’inspirer du Victoria Urban Terminal en faisant construire une passerelle vitrée pouvant abriter des espaces commerciaux reliant la station du métro au Quatre-Bornes Urban Terminal qui devrait être aménagé à l’endroit où se situe le bazar, mais également autour de la Newton House. « Nous sommes malheureusement confrontés, à Quatre-Bornes, à un grand manque d’espace pour envisager la construction d’un tel projet dans le seul emplacement du bazar. Compte tenu de la problématique des places de parking et le flux de personnes qui traversera la route Saint-Jean quotidiennement, surtout avec l’arrivée du métro, la construction d’une large passerelle surplombant cette route figure indéniablement en tête de liste des options à envisager. Le bazar sera rénové et situé en contrebas. Le dernier mot reviendra au promoteur. » La mairie a déjà soumis ses propositions au ministère des Collectivités locales.
Idem du côté de la municipalité de Vacoas qui, contrairement aux autres villes, n’a pas eu à se démener pour trouver et acquérir des parcelles de terre d’une superficie de six arpents en vue d‘accueillir son terminal qui sera aménagé sur site du « bazar légumes » sur une partie des anciens locaux de la Special Mobile Force (SMF) et d’autres terrains acquis par la mairie dans les alentours. La seule ombre au tableau demeure le fait qu’à ce stade, les prétendants du secteur privé ne se sont pas bousculés pour promouvoir ce projet qui nécessitera la démolition du marché. Ainsi, les maraîchers qui seront logés temporairement sur un terrain situé derrière le marché durant les travaux avant d’emménager dans le terminal, devront encore prendre leur mal en patience dans un endroit qui est inondé à chaque averse. La deuxième phase du projet comprendra aussi l’aménagement d’édifices modernes de l’autre côté de la route sur le site qui abrite le Meat Market.
« Les gares Jan Palach et le bazar »
« La mairie de Curepipe a pour objectif de construire un terminal qui allie modernité et authenticité sans occulter l’aspect écologique de la ville lumière qui a une longue histoire qu’il faut préserver. » Propos du maire Hans Marguerite qui soutient du coup que « la gare intermodale, la gare Jan Palach Sud et le bazar seront les seuls sites qui accueilleront le terminal. » En effet, le fait que la station principale de Curepipe se situe en hauteur constitue un avantage pour les promoteurs qui disposeront de tout l’espace situé en contrebas pour l’aménagement du projet. « Nous avons repensé le projet par rapport à notre plan initial.
Il dépassera le cadre commercial et sera un véritable lieu de vie et d’échanges en étant doté d’espaces qui puissent accueillir des conférences, une salle de cinéma et des bureaux. La relocation des marchands du bazar vers le bâtiment Narco, sis derrière le bazar, sera une réalité dans les mois à venir après le lancement de l’appel d’offres. »
Quant à la sempiternelle question d’inclure le site qui abrite le bâtiment en délabrement de l’ancien hôtel Europa en face de la gare Jan Palach, la maire souligne que « notre souhait est de pouvoir le greffer au projet lors d’une deuxième phase mais, pour la énième fois, c’est triste de constater qu’on bute toujours sur le litige qui prévaut entre les héritiers de ce véritable eyesore. Mais sachez que la ville a d’autres priorités actuellement qui sont de se doter d’un nouveau système de drains et de redonner ses lettres de noblesse au Forum. »
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