Certes, elle a été dévoilée en 1938. Alors baptisée « Kraft Durch Freude » (la « force dans la joie » en français) ou KDF-Wagen, celle qui allait devenir plus tard la mythique Coccinelle a pourtant été mise entre parenthèses pendant la guerre puisqu'il fallait avant tout produire du matériel militaire. Il faudra donc attendre le 27 décembre 1945, il y a 75 ans jour pour jour, pour que l'usine de Wolfsburg en lance la fabrication à grande échelle. En effet, seuls 630 exemplaires en avaient été fabriqués auparavant.
A l'époque, les opérations sont dirigées par le Major Ivan Hirst, un britannique, puisque l'Allemagne est alors divisée en quatre zones d'occupation, et le Royaume-Uni en dirige le nord-ouest.
Il s'agit notamment alors de pourvoir aux besoins de mobilité au sein de la zone d'occupation - le gouvernement anglais avait déjà passé commande pour 20 000 véhicules en août 1945, et ceux-ci devaient être livrés en juillet de l'année suivante - tout en composant avec le manque de main d'œuvre et une pénurie de matières premières, le tout dans une usine partiellement détruite par les bombardements intervenus quelques mois plus tôt.
Qu'à cela ne tienne, Hirst est un homme aux formidables capacités d'adaptation. La production sera lancée juste après Noël dans des conditions que l'on devine épiques, et 55 véhicules auront été fabriqués avant la fin 1945. Le rythme de production de la petite Volkswagen atteindra un millier de véhicules par mois en 1946 (le cap des 10 000 voitures sera franchi en octobre), et l'exportation de l'auto débutera dès 1947.
Le succès sera rapidement au rendez-vous, puisque l'on franchira le cap du million d'exemplaires produits dès 1955. L'auto achèvera sa carrière en 2003 : 21,5 millions de Coccinelle ont été fabriquées, dont 15,8 millions en Allemagne.
Quant au Major Hirst, il quittera malgré lui l'usine en avril 1949 avec certes la satisfaction du devoir accompli, mais aussi et surtout avec l'envie de donner encore plus à cette entreprise qu'il avait contribué à faire renaître. Il refusera la Coccinelle flambant neuve qui lui était offerte en guise de cadeau de départ, et se contentera d'une version miniature.
Il poursuivra sa carrière dans l'industrie en Allemagne, et tentera même occasionnellement de revenir chez Volkswagen, sans succès hélas. La page était tournée, mais la compagnie finira par reconnaître le formidable apport du militaire britannique à sa renaissance. Une rue porte d'ailleurs son nom à Wolfsburg.
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