Dass Mootanah : « La zone (Aapravasi Ghat) conservera sa configuration routière existante avec des déviations»

Le CEO de (MEL) Dass Mootanah qui s’est confié à Week-End évoque les contours de ce projet.

Vous avez visité le futur tracé qui reliera la station Port Louis Victoria à l’Aapravasi Ghat. Pouvez-vous nous en dire plus et nous expliquer les contours des recommandations faites par l’UNESCO à ce sujet ?

Le projet d’extension du métro vers la partie nord de la capitale a connu un retard considérable compte tenu des longues discussions ayant eu lieu entre les autorités mauriciennes et l’UNESCO sur les plans d’action visant à ne pas compromettre les caractéristiques uniques de l’Aapravasi Ghat, site classé au rang de patrimoine mondial. Nous avons enfin trouvé un consensus en novembre 2023. Trois propositions avaient été faites à l’UNESCO au niveau de l’aménagement d’une station dans cette zone. Celle visant à construire une plateforme en face du musée d’Esclavage, jouxtant l’Aapravasi Ghat, n’a pas eu l’aval de cette organisation. L’aménagement d’une station à la Place de l’Immigration, avec la construction d’une plateforme enjambant l’autoroute M2 en toile de fond, aurait constitué trop d’inconvénients au trafic routier. On a écarté cette option. Il a finalement convenu que la station sera aménagée à côté du site du patrimoine mondial Aapravasi Ghat à Trou Fanfaron autour du Parc à Boulet.

En provenance de la station de Caudan, les trams circuleront devant le bureau de poste de Port-Louis, le Musée de l’Esclavage, l’Aapravasi Ghat et le Parc à Boulet, pour rallier Trou Fanfaron. Avec son lot d’intersections, ce chamboulement risque également de provoquer des inconvénients au niveau du trafic…

Il faut bien comprendre qu’à partir de la station temporaire de la Place d’Armes, le tracé sera constitué d’une seule voie. Il y aura un chamboulement, mais la zone conservera la configuration routière existante telle qu’elle est, garantissant l’intégration transparente entre le tracé ferroviaire et l’autoroute. Un nouveau plan de circulation a été élaboré par le ministère, la Traffic Management and Road Safety Unit, et le ministère des Arts et du Patrimoine culturel ainsi que d’autres parties prenantes concernées pour donner accès à toutes les installations telles que les bureaux et poste de police dans cette zone et assurer une circulation fluide dans la zone, avec la conversion de certains accès à sens unique et d’autres à double sens. Cette extension offrira par ailleurs la possibilité de créer des zones piétonnières dans la région, améliorant ainsi la connectivité vers les régions telles que Chinatown et Plaine-Vert, etc.

Convaincre l’UNESCO de donner son feu vert pour le prolongement du métro à quelques pas du patrimoine mondial n’était pas chose aisée…

Je vous l’ai dit. Il y a eu de longues discussions, mais l’accent a été mis sur l’opportunité d’échafauder un projet permettant un revamping de la région. Cet élément a valu son pesant d’or. Le tracé et la station Aapravasi Ghat seront conçus de manière à s’intégrer aux valeurs historiques, culturelles et esthétiques environnantes, de sorte que la conception architecturale de la voie ait un rapport avec les valeurs de l’histoire mauricienne, à l’instar de la construction de la station de Mahatma Gandhi à Réduit.

Les travaux débuteront quand exactement ? C’est la firme Larsen & Toubro (L&T) qui sera en charge de la construction ou envisagez-vous de lancer un appel d’offres ?

Les travaux débuteront sans faute cette année sans toutefois m’aventurer à vous communiquer une date précise. La décision n’a encore été prise quant à savoir si c’est L&T qui sera en charge des travaux ou si un appel d’offres sera lancé pour désigner un constructeur. Nous sommes toujours au stade du planning.

Et quid du prolongement vers les villages du nord de l’île ? Aucun détail n’a transpiré pour l’instant ?

L’aménagement de la ligne de chemin de fer vers l’Aapravasi Ghat ouvre définitivement la voie vers un projet d’extension vers le nord du pays. Cette étape constitue un grand pas en avant vers l’objectif qu’on s’était fixé lorsqu’on avait introduit ce nouveau mode de transport en 2019.