Même s’il concède que c’est à la justice d’établir les faits, Alain Jeannot, président du National Road Safety Council (NRSC), ne peut s’empêcher de dénoncer l’incivisme de nombre de conducteurs au volant, de même que la grande indiscipline sur les routes. Il commente pour Week-End la soudaine recrudescence, ces derniers jours, d’accidents de la circulation.
« Rien n’est si contagieux que l’exemple et nous ne faisons jamais de grands biens ni de grands maux qui n’en produisent de semblables » : c’est en citant cette célèbre maxime de l’auteur français du 17e siècle François de La Rochefoucauld que l’intervenant tient à expliquer comment, en toute chose, quand le mauvais exemple n’est pas réprimé, cela favorise l’inhibition chez les autres.
« Les lois sont là », fait valoir le responsable du NRSC. Il cite notamment l’une des dernières en date qui vient d’être adoptée : celle qui réprime le « drug driving ». « Il s’agit bien plus de l’incivisme au volant, de l’égoïsme individuel, de l’indiscipline sur les routes.
Même s’il est vrai que l’état de certaines routes ainsi que l’absence d’un marquage approprié et d’une luminosité optimale peuvent aussi contribuer à l’insécurité routière », estime Alain Jeannot.
Il cite également les contraintes liées au mixed traffic qui fait que l’ensemble des usagers dont des poids lourds et des deux-roues se partagent souvent des voies étroites dépourvues de trottoirs. Ce qui fait alors que des piétons sont contraints de marcher sur la chaussée avec les risques associés. Sans parler des trottoirs qui, quand ils existent, servent d’espaces de stationnement à des automobilistes insouciants ou d’extension à des commerces qui y déposent carrément le surplus de leurs marchandises…
La reprise du night life joue un rôle
N’y aurait-il pas aussi un nombre trop important de véhicules sur les routes, favorisant ainsi une multiplication des risques d’accident ? Le président du NRSC ne le pense pas. Il cite à ce propos l’exemple singapourien. « À Singapour, le parc automobile compte quelqu’un million de véhicules contre environ 650 000 à Maurice. Or, là-bas, le nombre de morts par 100 000 habitants est de neuf fois inférieur à celui de Maurice ! » remarque Alain Jeannot.
Comme pour soutenir son point que la densité de véhicules sur les routes n’explique pas nécessairement le nombre d’accidents, le responsable du NRSC fait ressortir que depuis le début de l’année, un accident fatal sur 7 est survenu aux petites heures du matin entre minuit et 6h quand les routes sont tout à fait libres. Ce qui représente une hausse de 67% par rapport à la même période l’an dernier. « À première vue, il me paraît plutôt que cette hausse coïncide avec la reprise des activités du night life après le confinement et les restrictions sanitaires. »
Des activités avec sorties en soirée durant lesquelles, dit-il, « l’alcool coule à flots ». Quand ce n’est pas tout simplement le recours à d’autres produits illicites encore plus désinhibants… « On n’aura jamais assez de le dire et de le répéter : l’alcool ou tout autre produit qui désinhibe n’ont jamais fait bon ménage avec la conduite automobile. »
Quand bien même, depuis le début de l’année, le nombre d’accidents fatals qui s’élevant à 70 est en baisse de 9% par rapport à la période correspondante l’année dernière. De même que celui, en général, du nombre de victimes a baissé de 7%. Mais Alain Jeannot croise les doigts pour qu’avec l’arrivée prochaine des fêtes de fin d’année et les soirées qui y sont associées, chaque usager de la route prenne ses responsabilités. « Que chacun donne l’exemple ». Et puisque, dit-on, l’exemple vient d’en haut, avis à qui de droit…
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