Routes des Plaine Wilhems : Calvaire Métro, manque de planification…

1 year, 11 months ago - 18 May 2022, Le Mauricien
Routes des Plaine Wilhems : Calvaire Métro, manque de planification…
Pas un jour ne passe sans que l’on entende quelqu’un se plaindre de problèmes de congestion routière dans le pays.

Mercredi matin, à partir des appartements Regency Square, rue Vandermeersch, jusqu’au rond-point de la gare de Rose-Hill, c’était un véritable parcours du combattant. Pas moins de 30 minutes auront été nécessaires pour effectuer ce très court trajet en voiture. Un calvaire pour ceux qui empruntent cette route chaque matin.

« Ces temps-ci, il faut avoir de la patience – beaucoup de patience – pour aller travailler », lâche un cadre, employé dans une firme de la capitale. Le trafic monstre qui attend les automobilistes de Beau-Bassin/Rose-Hill, empruntant la rue Vandermeersch pour rejoindre Ébène et La-Nationale, donne de l’urticaire et des migraines… « C’est du jamais vu », lance un automobiliste, et ce, bien que de nombreux Mauriciens pratiquent du télétravail depuis le Covid-19…

Pourtant, selon ceux qui empruntent régulièrement ce tronçon, c’est le rétrécissement de toute la rue Vandermeersch, avec l’arrivée du Metro-Express, qui aurait provoqué cette situation calamiteuse. « Le rétrécissement des voies à divers endroits, tout le long de Vandermeersch et à Quatre-Bornes notamment, à cause du métro, qui a pris toute la place, force les voitures à rouler bien plus lentement et ralentit donc considérablement la circulation, notamment aux heures de pointe. Et avec leur belle planification, il n’y a même pas d’espace convenable pour les piétons. Mais tout cela, le gouvernement refuse de l’entendre », lance Vijay, la quarantaine, au volant de sa grosse cylindrée et littéralement au bord de la crise de nerfs.

Pire, du rond-point de la gare de Rose-Hill au collège Ébène SSS, les travaux en cours depuis deux mois ont réduit la largeur de la route à son strict minimum… en vue de faire de la place au fly-over qui accueillera le métro. Et à cet endroit précis, les usagers ne peuvent qu’espérer que la route pourra retrouver sa largeur initiale une fois les travaux terminés, sinon le problème de circulation ira de mal en pis dans cette région.
En 2018, en pleine campagne électorale pour se faire réélire, Pravind Jugnauth évoquait son Road Decongestion Programme, déclarant : « On est sorti de l’inertie habituelle et là, cela donne l’impression de bouger. Tant qu’il y a des projets et pas de scandales, le gouvernement se porte bien. » Oui, mais là, il y a des projets, il y a des scandales, la population se porte mal et le Premier ministre ne comprend toujours pas où il a fauté.

Congestion programme…

À la base, le métro n’était-il pas censé résoudre le problème de congestion routière sur le tronçon Curepipe/Port-Louis ? Pourtant, force est de constater que les embouteillages se multiplient à vitesse grand V depuis que le métro a pris le dessus dans les villes, au détriment des routes destinées aux autres véhicules, avec un manque de planification flagrant à bien des endroits. Résultat : au lieu de décongestionner, le métro congestionne. Et pour des raisons que l’on ignore – mais que les observateurs avertis devinent aisément – les rails du métro deviennent tentaculaires dans le pays.

Honni en 2014, le métro léger est devenu, d’un coup de baguette magique, l’enfant chéri du gouvernement MSM. Il s’incruste partout. Mais à quel prix ? Expropriation de terrains, trafic routier engorgé, réaménagement des routes, abattage d’arbres centenaires, suppression d’espaces verts… Le tout réalisé à la vitesse de l’éclair et au nez et à la barbe du contribuable.

Bouchons, bouchons partout !

Et ce mercredi matin, même l’animateur de cette radio proche de Lakwizinn ne pouvait se retenit : « Bouchons, bouchons partout ! » Sur le réseau WhatsApp, les messages d’automobilistes énervés fusaient de toutes parts. Qu’on ne vienne surtout pas nous expliquer que c’est le camion qui était en panne à… Beaux-Songes qui explique ces embouteillages monstres dans tout le pays. Ce n’est d’ailleurs pas normal qu’une simple panne ou qu’un accident bloque toute une circulation, empêchant des milliers de Mauriciens de se rendre au travail dans un délai humainement acceptable. Cruel manque de planification…

Mercredi matin, au même moment où des centaines de Mauriciens prenaient leur mal en patience dans la région de Rose-Hill/Beau-Bassin/Ebène/Port-Louis, ce fameux camion qui était en panne à Beaux-Songes a bloqué des milliers de personnes pendant… deux heures ! Est-ce normal, dans un pays qui se veut moderne, qu’à chaque accident de la route, à chaque panne et à chaque grain de pluie, nous soyons condamnés à passer des heures en voiture et en autobus à cause de routes engorgées ? Et toujours pas de solutions à l’horizon pour ce problème. Le ministre Ganoo préfère clairement consacrer toute son énergie au métro.

Entre-temps, comme des milliers d’automobilistes, cette dame habitant Quatre-Bornes a vécu un enfer mercredi matin à cause d’un simple camion en panne. Elle a quitté son domicile à 7h45 et à 8h45, elle n’avait pas encore atteint le rond-point de Beaux-Songes. « J’ai pris deux heures et cinq minutes exactement entre Quatre-Bornes et Flic-en-Flac. Déjà que pour sortir de chez moi, maintenant, avec le métro, j’ai les nerfs je vous dis. À Beaux-Songes, c’est devenu Single Lane Trafic à cause du camion en panne », dit-elle.
« Tou dimounn an retar ek pe pass mizer akoz enn pann », lâche-t-elle, épuisée, avant d’entamer sa journée de travail. Et partout, c’est l’agacement poussé à son paroxysme. « Quand on pense qu’il n’y a qu’une seule route pour desservir tout l’ouest et une seule voie des deux côtés ! En plus, avec tous ses tournants, les bus qui roulent à 20 km/h bien souvent, et les camions et tracteurs qui vous traînent jusqu’au rond-point de Pierrefonds, c’est vraiment infernal. C’est ça que nos dirigeants appellent le développement. Au lieu de penser à construire un hippodrome inutile, ils devraient s’intéresser plutôt à la misère des automobilistes de l’ouest, qui est devenu une urgence », écrivait un automobiliste sur le réseau WhatsApp.

Et il est loin d’être le seul à penser cela. « C’est vraiment infernal. Je ne veux plus entendre parler du Road Decongestion Programme, ni du métro. Il manque clairement de chemins dans l’ouest. Un seul véhicule tombe en panne et cela provoque un embouteillage monstre. Et d’ailleurs, même sans panne, aux heures de pointe, c’est vraiment la pagaille. »