Le constructeur allemand Mercedes s'est fixé comme objectif, dans le cadre du programme "Ambition 2039", de faire en sorte que son parc de voitures neuves soit neutre en CO2 d'ici à cette date. Et déjà, à l'horizon 2030, il espère que plus de la moitié des véhicules vendus seront des modèles électrifiés : électriques ou bien hybrides rechargeables. Tout un programme ! En ce qui concerne les véhicules zéro émission spécifiquement, l'offensive a été lancée en 2018 avec la présentation du premier modèle 100 % électrique, le SUV EQC. Rejoint depuis le début de l'année par le plus compact EQA que nous avons d'ores et déjà pu essayer. Mais déjà en 2019, la marque à l'Etoile a pour projet de monter en gamme puisqu'elle présente cette année-là, au Salon de Francfort, le concept Vision EQS. Dont s'inspire fortement le modèle de série EQS "tout court" que Mercedes vient de dévoiler officiellement ce jour.
L'EQS est à la Classe S ce que l'EQC est au GLC ou l'EQA au GLA. Autrement dit, cette berline évolue sur le même segment que le modèle à qui elle emprunte sa lettre finale (chez Mercedes, les modèles portant l'appellation "C" sont des familiales et ceux portant le "A" final sont des compactes) mais elle repose sur une plate-forme différente et son design est spécifique. En l'occurrence, elle inaugure la toute nouvelle plate-forme dédiée aux modèles haut de gamme électriques du constructeur baptisée EVA. Sur laquelle seront basés plus tard le SUV EQS ainsi que la berline et le SUV EQE. Par sa lettre "S", on comprend qu'elle ne navigue pas tout à fait dans les mêmes eaux que les plus "roturiers" GLA et GLC. A l'instar de la Classe S qui symbolise depuis des décennies la limousine par excellence, elle entend bien devenir la référence absolue sur le segment des limousines électriques. La Tesla Model S n'a qu'à bien se tenir.
Une aérodynamique record
Grâce à son aérodynamique travaillée, le Cx de l'EQS ne serait que de 0,20. Un record d'après le constructeur allemand. Un petit tour sur le site de Tesla permet de constater que celui de la Model S est annoncé à précisément 0,208. Dommage que nous ne connaissions pas la valeur des millièmes sur l'EQS... mais il semble bien que les deux berlines sont au coude à coude sur ce point. Dans les deux cas, cette donnée est de toute façon particulièrement basse. Ce qui leur permet de réaliser de belles performances sur le plan de l'autonomie, nous allons y revenir.
Et c'est parce que, tout comme sa rivale américaine, son design est tout particulièrement travaillé que l'EQS parvient à un tel score. Son profil fuselé s'inspire grandement de celui du concept Vision EQS. Tout comme lui, sa ceinture de caisse est haute et ses portes sans encadrement font presque d'elle un coupé (quatre portes) mais elle adopte une ligne de profil originale formant un arc de cercle faisant que, toute profilée qu'elle est, l'EQS est assez haute et sa surface vitrée relativement importante (1,51 m contre 1,44 m pour la Model S). La garde au sol du modèle de série est un peu plus élevée et les jantes moins spectaculaires que celles du concept mais elles ont néanmoins été conçues avec soin pour améliorer l'aérodynamisme.
La face avant comme la partie arrière rappellent sa filiation avec les GLA et GLC. Elle est dotée à l'avant de feux effilés de forme triangulaire et d'une calandre pleine dite "Black Panel". Dont la fonction est importante puisqu'elle intègre de très nombreux capteurs (ultrason, caméra, radar, lidar, etc). La poupe est dotée, comme la proue, d'une bande lumineuse continue. C'est d'ailleurs l'élément qui la rapproche le plus des deux autres véhicules 100 % électriques de la marque. Et, comme eux, son esthétique globale fait qu'elle n'a pas grand-chose à voir avec le modèle auquel elle se rapporte, la Classe S donc. Mais les passagers arrière seront tout aussi bien accueillis que dans cette dernière. Les dimensions de l'EQS sont même un peu supérieures à celles de son équivalent thermique. Elle est plus longue de 3 cm (5,21 m) et plus haute d'un cm. La largeur ne bouge pas (1,92 m). Elle est même censée emporter davantage de bagages (610 dm3 annoncés contre 550 dm3 pour la Classe S).
Jusqu'à 770 km d'autonomie
Techniquement parlant, l'EQS se distingue, on l'a vu, par sa plate-forme spécifique. Contrairement à la Classe S, l'EQS n'embarquera sous son capot que des motorisations électriques. Au lancement, deux modèles seront proposés. Une variante EQS 450+ délivrant une puissance de 245 kW (soit l'équivalent de 333 ch) et un couple de 583 Nm aux seules roues arrière. Ainsi que l'EQS 580 4MATIC dotée, comme son nom 4MATIC l'indique, d'une transmission intégrale. Puissance de 385 kW (environ 523 ch) et couple phénoménal de 855 Nm. Comptez 6,2 s pour réaliser l'exercice du 0 à 100 km/h avec le premier moteur. Et seulement 4,3 s avec le plus puissant des deux. La vitesse maximale est limitée électroniquement dans les deux cas à 210 km/h. C'est déjà plus qu'il n'en faut pour affoler les radars. A cela s'ajoutera plus tard une troisième variante de 560 kW (environ 761 ch). Des valeurs très élevées dans l'absolu mais pas de quoi inquiéter la Model S. Et notamment sa version de pointe Plaid+ développant 1 020 ch, atteignant une vitesse de 322 km/h et accélérant de 0 à 100 km/h en 2,1 s !
Ceci dit, l'EQS est davantage orientée bien-être. Avec elle, il s'agira de voyager le plus longtemps possible et le plus loin possible dans le meilleur des conforts. Justement, sur ce point, l'autonomie maximale annoncée est de tout premier ordre. Grâce à ses batteries dont la capacité utile est au maximum de 107,8 kWh, elle peut théoriquement rouler sur 770 km (sur le cycle WLTP) sur une seule charge dans la meilleure des configurations. Alors que Tesla annonce sur son site jusqu'à 628 km sur sa Model S (chiffre non encore officiel). Evidemment, il nous faudra le vérifier mais il semble que le constructeur américain ait trouvé à qui parler...
Autre point intéressant, on peut, selon Mercedes, recharger 300 km d'autonomie en seulement 15 min sur des bornes en courant continu avec sa puissance de charge rapide allant jusqu'à 200 kW. Encore faudra-t-il en trouver... De série, l'EQS sera équipée d'un chargeur de 11 kW (courant alternatif). Un autre de 22 kW sera proposé en option. Là, la charge sera plus longue : 10 h pour une charge complète avec le modèle 11 kW, 5h avec le 22 kW. Encore que ces chiffres restent corrects. Les propriétaires auront également un an d'accès au réseau IONITY avec les services inclus Mercedes me Charge. Puis un tarif préférentiel (dont le montant reste à définir) par la suite.
Le nec plus ultra en matière d'équipements et de technologies
Tout comme la Classe S, la dotation de l'EQS se veut pléthorique. On ne reviendra pas sur le spectaculaire écran géant Hyperscreen que nous vous avions présenté en janvier dernier. Ni sur son intérieur raffiné.
Passons donc aux roues arrière directrices qui seront de série sur tous les modèles. Grâce à une mise à jour "Over The Air" (comprenez à distance), on pourra même opter pour une version évoluée avec des roues dont l'angle de braquage est plus grand (10° contre 4,5°). Outre le gain d'agilité à hautes vitesses, cela permet de manœuvrer plus facilement avec cette grande EQS. Son diamètre de braquage n'étant pas plus grand que celui d'une citadine (10,9 m contre 11,9 m avec les roues arrière directrices offertes de série).
Autre fonctionnalité qui devrait séduire les heureux (et les plus riches) propriétaires : des portes dont l'ouverture est entièrement automatisée. Il suffit de s'approcher pour qu'elles vous laissent entrer sans que vous ayez besoin d'actionner la poignée (rétractable automatiquement elle aussi, soit dit en passant). Les chauffeurs devraient apprécier !
Plus besoin non plus de voiturier avec l'Intelligent Park Pilot, en tout cas dans les pays où cette fonctionnalité sera acceptée. L'EQS sera capable - grâce à un ensemble complet de capteurs - de se garer absolument toute seule et de revenir au point zéro, sans conducteur à son bord. Si, si !
On pourrait continuer ainsi pendant longtemps, parce que la liste des équipements est longue comme un jour sans fin, mais on retiendra pour finir la fonction Digital Light. Avec elle, c'est la réalité augmentée qui s'invite à bord de l'EQS. La véhicule affichant avec elle des marquages et des symboles de mise en garde sur la route.
Commercialisation vers le mois de septembre
On imagine que les tarifs seront à la hauteur du standing revendiqué. Evidemment, tout comme l'EQC coûte bien plus cher que le GLC (près de 80 000 € minimum pour le premier, et 53 000 € pour le second), on s'attend à ce que ses prix soient bien supérieurs à ceux de la Classe S. Laquelle ne s'affiche pas à moins de 105 000 €... Mais bon, là n'est pas trop la préoccupation de ses potentiels clients ! Et puis, ils n'auront pas à débourser un malus assassin. C'est toujours ça de pris. En tout cas, les tarifs des EQS 450+ et 580 4MATIC seront connus vers le mois de juin. Les premiers modèles, quant à eux, devraient débarquer dans les concessions aux alentours du mois de septembre.
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