Plus d’un mois après l’accident sur la nouvelle route, il est difficile de comprendre pourquoi les décisions qui s’imposent pour garantir la sécurité des voyageurs ne sont toujours pas prises.
Depuis l’accident de Sorèze, qui a coûté la vie à 10 personnes, le manque de sécurité dans nos bus est sur toutes les lèvres. Les divers incidents impliquant les bus de la CNT ne font qu’appuyer la conviction que les transports en commun ne sont pas sûrs à Maurice. La semaine dernière, un premier incendie s’est déclaré dans un bus à Petite-Rivière. Le véhicule, vieux de 13 ans, a été complètement ravagé par les flammes mais aucun blessé n’est à déplorer, les passagers ayant pu être évacués à temps. À Nouvelle-France, un autre bus de la CNT a pris feu également mais le véhicule n’a subi que des dégâts mineurs. À ces deux incendies, il faut en rajouter d’autres survenus cette année même, dont l’un sur le fly-over du Caudan. Ces incidents remettent une nouvelle fois en cause l’entretien des bus de la Corporation nationale de transport.
Frayeur.
Ces divers incidents ont fini par décourager de nombreuses personnes à voyager par les bus de la CNT, selon les employés de la compagnie. “Les gens hésitent avant d’embarquer dans un bus de la CNT. Je le vois régulièrement”, indique un chauffeur. Un receveur de la même compagnie soutient que les gens paniquent dans le bus au moindre pépin. “Li pa pu brile la controler ? Bizin desane la ? C’est ce qu’on m’a demandé la semaine dernière alors qu’il y avait un bruit bizarre dans le bus. Finalement ce n’était rien de grave mais les gens ont peur quand ils voyagent dans nos bus”, relate-il.
Causeries.
Face à cette phobie et pour s’assurer que les voyageurs ne soient pas mis en danger, les syndicats ont initié des causeries avec les employés pour leur rappeler le besoin d’être prudents avant et pendant le trajet. “Nous demandons aux chauffeurs de prendre davantage de précautions. Nous leur avons rappelé qu’il leur incombe de bien vérifier l’état de leur bus avant d’aller sur la route. Aussitôt qu’un autobus lui est attribué, le chauffeur doit vérifier les freins, vérifier si de l’huile ne s’en échappe pas, si les lanternes fonctionnent correctement, entre autres. Ceci dit, comme tout véhicule, un bus n’est pas à l’abri d’une défaillance. Il faut éviter de pointer du doigt le chauffeur sans raison”, dit Youssouf Chotoye, président du Front Commun du Syndicat du Transport (FCST). Quant à la National Transport Authority (NTA), elle assure qu’elle est vigilante quant à la situation. Cependant, si elle a bien rencontré le front commun des syndicats, c’est pour parler, entre autres, du running time de certains longs trajets et pas forcément de la sécurité dans les transports en commun.
Bus scolaires.
Si plusieurs facteurs doivent être revus au niveau du transport public, il en va de même concernant les bus scolaires. Les véhicules attribués au transport des étudiants sont souvent vieux de plus de dix ans, et parfois bien plus encore, comme autorisé par la NTA. “Un bus de la CNT roule beaucoup plus qu’un bus individuel, par exemple. La CNT est présente tout autour de l’île, ce qui implique que ses bus roulent davantage et donc deviennent moins aptes à rouler au bout de dix ans comparés à d’autres bus”, indique une source de la CNT. Si l’âge des bus et leur kilométrage sont des sources de préoccupation, il en va de même pour le nombre d’étudiants qui sont à leur bord. II n’est pas rare de constater que ces bus sont remplis à ras bord, rendant le trajet inconfortable pour les étudiants et professeurs s’y trouvant. Cela parce que la NTA autorise trois étudiants à prendre place sur un banc de deux places et quatre sur un banc à trois places. “À mon avis, le bus en lui-même n’est pas dangereux ; le danger peut survenir du nombre d’étudiants qu’il transporte. D’abord, c’est un One Person Operator, ce qui veut dire qu’il n’y a pas de receveurs mais seulement un chauffeur. S’il se produit un accident, ça pourrait être très dangereux pour les enfants”, soutient une source de la CNT.
Manque de bus.
La NTA, pour sa part, ne voit aucun danger à autoriser cette pratique. “Ce règlement date de quelques années. Ces bus ont les certificats nécessaires. Jusqu’à présent on n’a pas eu à déplorer quoi que ce soit. Depuis l’accident de Sorèze, on a revu notre politique. On a limité le nombre d’étudiants à 75 par bus dépendant de la capacité de celui-ci”, explique Cyril Apajala, Transport Controller à la NTA. Selon Youssouf Chotoye, ces vieux bus sont autorisés à se transformer en bus scolaires par manque de véhicules. “Les compagnies n’ont pas suffisamment de bus pour assurer le transport scolaire. Investir dans des bus neufs pour cette tâche ne sera pas rentable pour elles. Donc, elles utilisent des vieux bus pour le faire.”
Mesures.
Par ailleurs, Youssouf Chotoye soutient que les bus scolaires ne seront pas nécessaires si certaines mesures sont prises par les autorités. “Si les autorités parviennent à décourager les personnes âgées à voyager à certaines heures, le problème sera réglé. Je suis sur la route tous les jours et je constate que beaucoup de personnes âgées ont tendance à voyager aux heures auxquelles les étudiants vont à l’école et que les gens vont travailler. Si ce n’était pas le cas, les étudiants auraient pu prendre des bus normaux pour aller à l’école et fournir des bus scolaires ne serait pas nécessaire”, explique-t-il.
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