Le bonheur des uns fait le malheur des autres ! Certains joggeurs sont ravis de pouvoir marcher à leur aise en journée depuis vendredi. Mais les tour- opérateurs sont obligés de faire marcher leurs clients sur cette distance.
13 heures 10 ! Nous sommes au parking du Trou-aux-cerfs où quelques voitures sont garées. Deux cônes en béton ont fraîchement été posés ce lundi matin. Des bandes jaunes et un panneau font prévaloir un accès interdit aux voitures. La maisonnette qui abritait le vigile a été démolie et l’unique toilette dégage une odeur nauséabonde.
Une bonne vingtaine de minutes de marche normale, c’est le temps qu’il faut en moyenne pour arriver au point stratégique de ce lieu touristique qui est désert en ce début de semaine, malgré la présence de quelques chiens errants et un jeune couple qui se bécote.
La vue est magnifique malgré une petite fatigue. Près du kiosque, nous rencontrons des habitués du coin. « Nous ne comprenons pas pourquoi la mairie a décidé de fermer l’accès aux véhicules. Il n’y a personne qui fait du jogging à cette heure-ci. C’est le vide total jusqu’à 17 heures… les horaires déjà établies convenaient à tout le monde », nous confie Hansley (prénom fictif).
Cet habitant de Camp Caval connaît le Trou-aux-Cerfs et les activités qui perdurent depuis des années. « Il n’est un secret pour personne qu’aux environs de 19h00, il n’est pas conseillé de s’aventurer ici. Je suis venu hier soir (ndlr dimanche) avec ma femme, et comme elle marche plus lentement que moi, elle a préféré rester dans la voiture. Nous avons peur de rester plus longtemps ici car s’il faut sauver sa peau, nous devons parcourir une distance considérable », s’indigne cet homme de 26 ans.
Ravi fait son jogging à Trou-aux-Cerfs depuis 40 ans. « Je cours ici depuis mes 10 ans. Et les voitures qui circulent ne m’ont jamais dérangé, car je cours sur le gazon. Généralement, j’effectue mon parcours à raison de trois fois la semaine. Désormais, j’ai peur d’y venir impromptu parce qu’il n’y a plus de patrouille, et plus personne ne circule », nous explique cet habitant de Belle-Mare qui fait tout le trajet pour prendre l’air frais dans ce haut lieu de Curepipe.
Bien qu’il y ait plus de sécurité, les plus téméraires n’hésitent pas à enfreindre la loi. Alors que nous faisons un brin de causette avec des habitants du coin, un couple à moto traverse sans frayeur les bandes jaunes et roule à perte de vue. « Si on vous l’avait dit, vous n’auriez pas cru ? Voilà ce qui se passe », lance un quinquagénaire qui est venu prendre l’air. Selon lui, le matin c’est un vrai ‘désastre’ pour les tour-opérateurs.
« Auparavant, ils pouvaient se garer à la deuxième entrée, maintenant ils ne peuvent pas passer, et se garent dans cette rue qui mène vers Simonette. Les habitants de l’immeuble d’en face commencent déjà à se plaindre du cafouillage, car les chauffeurs se disputent la place et c’est ainsi jusqu’à midi ! Le pire, c’est qu’il y a deux lignes jaunes », explique cet habitué.
« L’île Maurice ce n’est pas comparable à l’île de la Réunion. Il n’est pas souhaitable de faire marcher les touristes, d’ailleurs si le maire persiste dans ce sens, le nombre de personnes qui voudront surplomber le cratère va diminuer », explique Karl Braunecker, directeur général de Connections.
L’Association of Inbound Operators of Mauritius, pour sa part, se retient de tout commentaire. « Nous ne dirons rien avant d’avoir rencontré le maire », précise Marilyne Marion, présidente de l’association. Sunil Beedasy, le maire de la ville lumière parle d’écotourisme.
« Nous voulons une île Maurice durable, ce n’est pas étonnant que nous prenions certaines décisions dans ce sens. Il n’y a rien de bien compliqué pour un touriste de faire la moitié du parcours autour du Trou-aux-Cerfs pour admirer la beauté des lieux. Comme mesure de sécurité, nous ferons le nécessaire au plus vite. Je m’occupe de cela », a-t-il déclaré. En attendant que les choses évoluent, les tour-opérateurs, les taxis et les particuliers se disputent la place, et les joggeurs respirent…
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