Dans un contexte climatique préoccupant, les grands acteurs de ce monde tentent tant bien que mal de décarboner notre société. Et dans l’univers automobile, cela se traduit par l’arrêt programmé des moteurs thermiques d’ici moins d’une dizaine d’années pour la plupart des constructeurs.
Des véhicules électriques pour une société plus « propre » ?
Pour se faire, la transition s’est faite grâce à l’arrivée sur le marché des véhicules électriques et la promesse du zéro émission.
Autant être clair d’entrée de jeu. Non la voiture électrique n’est pas « verte » ni « propre », loin de là. Tout produit manufacturé est responsable de nombreux rejets de gaz à effet de serre, et cela se vérifie tout au long de sa durée de vie. Il en va de même pour les voitures dénuées de moteurs à combustion. Rien que pour la conception d’un véhicule électrique, les ressources nécessaires à sa fabrication sont colossales. Entre les minerais rares, comme le lithium utilisé pour les batteries par exemple, ou l’ensemble des matériaux nécessaires pour faire fonctionner la technologie à bord, l’addition carbone grimpe vite.
Selon les dernières études disponibles, le bilan carbone total s’inverse en faveur d’une voiture électrique après avoir parcouru environ60 000 km si l’on compare ce dernier avec celui d’un véhicule thermique. Sorti d’usine donc, un véhicule électrique dispose déjà d’un bilan carbone très élevé versus son homologue thermique conventionnel.
Mais quand il s’agit de vendre, la magie du marketing fait souvent mouche. Quand on nous rabâche des publicités sur le 100% électrique et sa conduite dite « propre », qui a vraiment tort et qui a vraiment raison ?
Si l’on part du principe que ces véhicules n’émettent pas de Co2 en roulant, il est vrai qu’elles ne contribuent pas à la pollution ambiante. Mais est-ce que l’électricité qui a été chargée dans leurs batteries est réellement « propre » ? Autrement dit, est-ce que cette électricité a été produite grâce à des énergies renouvelables ?
Voyons ce qu’il en est dans 4 puissances économiques mondiales, calculs à l’appui.
France : une énergie « verte » grâce au nucléaire
En France, la part des énergies dites « propre » qui n’émettent pas de gaz à effet de serre est élevée, notamment grâce à l’énergie nucléaire. Certes cette énergie émet bien des déchets hautement radioactifs, mais elle a l’avantage de ne pas rejeter de Co2 dans l’atmosphère. Voici le calcul :
Nucléaire (74,5 %) + hydraulique (7,2 %) + autres énergies renouvelables (9,9 %) = 91,6 %
Les voitures électriques qui sont chargées en France sont donc « propres » à 91,6 %.
Allemagne : bilan mitigé à cause du charbon
Outre-Rhin, le bilan se corse. Après la catastrophe de Fukushima survenue en 2011, la chancelière Angela Merkel avait pris la décision ferme et radicale de fermer toutes les centrales nucléaires sur plusieurs années. Résultat, le pays a dû diversifier ses sources d’énergie et faire fonctionner des centrales à charbon, extrêmement polluantes.
Nucléaire (11,2%) + photovoltaïque (8,9%) + éolien (23,5%) + hydraulique (3,3%) = 46,9 %
Les voitures électriques qui sont chargées en Allemagne ne sont donc « propres » qu’à 46,9 %.
Aussi, il faut noter que 23,4 % d’entre elles sont chargées avec de l’électricité dite très « sale« , produite à partir de lignite (16,0 %) et de charbon (7,4 %), qui sont encore plus polluants que le pétrole.
Etats-Unis : un bilan mitigé et terni par les énergies fossiles
Au pays de l’Oncle Sam mais aussi et surtout d’Elon Musk, le patron de Tesla, le bilan n’est pas tout vert… du tout. Voici la répartition du total des énergies dites « propres » aux Etats-Unis :
Nucléaire (19,5 %) + hydraulique (7,2 %) + éolien (8,3 %) + solaire (3,3 %) + géothermie (0,4 %) = 38,7 %.
Les voitures électriques qui sont chargées aux Etats-Unis ne sont donc « propres » qu’à 38,7 %. Et 19,1 % d’entre elles sont chargées avec de l’électricité très « sale« , produite à partir de charbon.
Chine : le mauvais élève et l’aberration
En Chine, rouler en voiture électrique n’est pas du tout « propre », loin de là. Si l’on fait un rapide calcul, le ratio des énergies dites « propres » est ridicule et fait partie des moins bons élèves en la matière.
Nucléaire (4,6 %) + hydraulique (17,4 %) + solaire (3,0 %) + éolien (5,4 %) = 30,4 %
Les voitures électriques qui sont chargées en Chine ne sont donc « propres » qu’à 30,4 %. Mais le pire reste à venir. C’est près de 65 % d’entre elles qui sont chargées avec de l’électricité produite à partir de charbon ! On peut donc légitimement parler ici d’une aberration tout à fait hors normes. Cela va à l’encontre même de l’essence de la voiture électrique, dont le but premier est de réduire son empreinte carbone mais aussi d’abaisser les émissions de Co2 dans l’atmosphère.
Au final, on constate que les voitures électriques sont plus ou moins « propres » une fois sur les routes… en fonction des régions du globe. Selon le pays où elle roule et est chargée, la même voiture électrique est plus ou moins propre. Et les écarts sont très importants.
Aussi, on peut voir que les réglementations imposées par les gouvernements, et notamment par l’Union Européenne, n’auront que peu d’effets sur les émissions de gaz à effet de serre si rien ne change.
En effet, si les restrictions imposées aux constructeurs automobiles pour que ceux-ci abandonnent progressivement les moteurs thermiques ne sont pas accompagnées de mesures pour contraindre les producteurs d’électricité d’abandonner progressivement les énergies fossiles, le bilan carbone restera inchangé.
L’Allemagne, mauvais élève européen en la matière, a écrit dans son programme suite à l’arrivée de son nouveau gouvernement qu’il faudrait sortir du charbon « idéalement » en 2030.
Quant aux Etats-Unis et à la Chine, les mesures en faveur des énergies renouvelables ne sont toujours pas d’actualité.
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