Accident mortel dans le Nord: «Ils avaient fait une petite fête dans le garage…»

4 years, 10 months ago - 6 January 2020, lexpress.mu
Accident mortel dans le Nord: «Ils avaient fait une petite fête dans le garage…»
Les funérailles d’Asheel Mutty ont eu lieu le matin jeudi 2 janvier. Après celles de Keshav Canhea. Ces deux jeunes ont péri dans un terrible accident survenu aux petites heures du matin du 1er janvier à The Vale.

Au total, cinq jeunes se trouvaient dans la voiture. Deux sont toujours admis à l’hôpital tandis que Hritick Anoop a pu rentrer chez lui après des soins hier.

Sooresh Bundhun, le père de Nilesh, qui se trouvait aussi dans la Honda grise, est venu réconforter la famille Mutty, hier. Lui-même en état de choc, il avance qu’il avait pourtant demandé aux jeunes de rester à la maison. «Ils voulaient sortir, je leur ai demandé de faire une petite fête dans le garage. Zot inn amize isi mem, zot inn danse, zot in tap ravann apre zot inn sonn petar. Aux alentours de 1 h 15, Nilesh devait de nouveau me dire qu’il sortait faire une virée avec ses amis et qu’il allait seulement prendre 15 minutes», explique cet habitant de Fond-du-Sac, cachant mal l’émotion qui l’envahit.

Après 15 minutes, ne voyant pas son fils rentrer, il décide de l’appeler. À la place du jeune homme de 19 ans, c’est un témoin de l’accident qui répond à son téléphone et l’informe du drame. «Je me suis tout de suite rendu sur place. Les pompiers ont dû extirper mon fils de la voiture, il était assis à côté du chauffeur», raconte Sooresh. Nilesh Bundhun, toujours admis à l’hôpital SSRN, a reçu un coup à la nuque, mais est hors de danger.

Le conducteur de la voiture, Nitish Chinatamby, est également encore admis à l’hôpital SSRN, à Pamplemousses. Toutefois son état de santé inspire de vives inquiétudes. Il a subi une intervention chirurgicale de longue durée au bras. «Son état nous inquiète. J’espère qu’il s’en sortira», soupire Tavishi Chinatamby, soupire sa sœur.

Hritick Anoop, 19 ans, est le seul à avoir pu quitter l’hôpital pour l’heure. Il a toutefois déjà donné une déposition à la police de Grand-Baie. On lui a demandé des explications sur l’accident, il ne pouvait nous répondre et a répondu : «‘Mo latet pe fatigé person pa koz ar mwa’», confie Devina Anoop, sa mère.

Cette dernière confie qu’elle ne savait pas où s’était rendu son fils le soir du réveillon. «Mon fils est sorti le matin du 31 décembre. Aux alentours de 17 heures, il est rentré à la maison pour dire qu’il était en compagnie de ses amis pour passer la Saint-Sylvestre. Vers 1 heure, j’ai eu la nouvelle qu’il était impliqué dans un accident de voiture aux alentours de The Vale. Il a été blessé presque partout sur le corps. Après avoir reçu des traitements à l’hôpital, il est rentré à la maison.»

Accident mortel dans le nord: l’insoutenable douleur de deux mères

Cinq jeunes du Nord ont été victimes d’un accident de la route d’une rare violence, hier 1er janvier, aux petites heures du matin. Ils se dirigeaient vers Grand-Baie lorsque la voiture conduite par Nitish Chinatamby a fait une brusque sortie de route pour percuter un pylône électrique. Si le chauffeur et deux autres passagers s’en sont sortis avec des blessures, Asheel Mutty, 19 ans, et Keshav Canhea, 25 ans, sont morts sur le coup. Le rapport de l’autopsie a attribué leur décès à une fracture du cou et une fracture du crâne, respectivement.

Au domicile des Mutty, Jenny, la mère du jeune homme, se prépare pour les funérailles de son aîné qui se tiendront aujourd’hui. Entre l’incompréhension et la triste réalité, cette habitante de Royal Road, Fond-du-Sac, revient sur les derniers moments de son fils. «Il était avec ses amis, vers minuit, il est rentré pour nous souhaiter une bonne année. Nous avons papoté un peu. Il a même été émotionnel et a demandé à son père de lui pardonner ses erreurs du passé. Ensuite, il m’a informée qu’il sortait avec ses amis pour un instant et ne tardera pas à revenir. Il devait rentrer au plus tard à 2 h 30», raconte Jenny. Quelques minutes plus tard, cette mère de deux enfants reçoit un appel de son beau-frère qui l’informe qu’Asheel a été victime d’un accident de la route et qu’il ne respirait plus...

Elle se souvient alors qu’à maintes reprises, il avait demandé à son fils de ne pas sortir le soir. «Quand il recevait des appels de ses amis, je demandais à ces derniers de ne pas passer le prendre», souligne cette mère dévastée à l’express. Le jeune homme, qui avait été victime d’une agression à arme tranchante l’année dernière, avait été marqué à vie par cet incident, et c’est la raison pour laquelle sa mère avait peur de le laisser sortir le soir. Il venait de rejoindre Grays, il y a deux mois et aidait ses proches financièrement.

«Mo pé al chaké ma»

Sangeeta Canhea n’arrive pas à croire qu’elle a perdu son fils Keshav Canhea à la fleur de l’âge. Elle souligne que son fils avait un avenir brillant. Il avait obtenu un travail sur un bateau de croisière et il allait prendre du service cette année.

La dernière fois qu’ils se sont parlé, il était minuit, relate Sangeeta Canhea. «Un peu plus tôt, il m’a dit qu’il prend le poulet rôti que l’on avait acheté au supermarché. ‘Ma mo pe al Fond-du-Sac mem, 20h mo sorti, 21h mo pou fini retourné’. Je ne lui ai pas dit non. On a acheté nos vêtements neufs pour le 1er janvier, pour son père, pour lui et moi un peu plus tôt. On est rentrés à la maison. J’étais fatiguée, il est allé se préparer et est venu me dire qu’il s’en allait. J’ai été même choquée qu’il avait déjà mis les vêtements neufs. Je lui ai dit pourquoi il n’avait pas gardé les vêtements pour le 1er janvier. Il m’a répondu : ‘Mo pe al chake Ma.’ À 23 h 45, il m’appelle pour me dire de sonner les pétards et qu’il ne pourra rentrer pour célébrer le réveillon en famille. Je lui ai déclaré : ‘Kifer ta Keshav ?’ Je lui ai demandé de rentrer vite mais à 2 heures, il n’était pas là. Il ne répondait pas à ses appels… Le matin, ma belle-soeur est venue m’annoncer son décès. Je n’arrive pas à croire que j’ai perdu mon fils.»

En chiffres

Déjà deux morts sur nos routes le 1er janvier 2020. Ce n’est pas la première fois qu’un tel drame a lieu pour le nouvel an. Le lundi 1er janvier 2018, après avoir célébré la Saint-Sylvestre, Mohamed Zinedeen Phutully, âgé de 18 ans, et son frère Falahuddeen Phutully, 24 ans, ont perdu la vie sur la route St-Jean. Le véhicule s’était écrasé contre un arbre et avait par la suite pris feu.

Selon l’Information Room (IR) de la police, de janvier à décembre 2019, il y a eu 144 accidents fatals. Les derniers chiffres de Statistics Mauritius font état de 69 accidents mortels entre janvier et juin 2019. En 2018, le nombre d’accidents de la route avait diminué de 1,9 %, passant de 29 627 en 2017 à 29 075 en 2018. Parmi les accidents de 2018, 132 ont été mortels contre 152 en 2017, soit une baisse de 13,2 %.