Qui sont-ils réellement ? Depuis quand sont-ils chez nous ? Leurs dépouilles ont-elles déjà été rapatriées ? Après de nombreuses versions, nous tentons d'apporter la lumière.
Photo mystérieuse
La photo publiée dans la presse mauricienne, y compris dans l'express du mardi 2 mai, est une photo autre que celle de Georges Vaughan, 57 ans, et son épouse Elizabeth, 46 ans, décédés sur nos routes. (NdlR, nous présentons nos excuses aux personnes concernées ainsi qu'à nos lecteurs.) Pourtant, cette photo, prise d'un compte Facebook au nom de Georges Vaughan a, par souci de précision, été identifiée par la police le soir de l'accident, soit le lundi 1er mai. Le lendemain, cependant, notre confrère Le Défi quotidien a publié la même photo. Sollicité, un confrère de cette rédaction explique que c'est la police qui leur a donné la photo. Contacté, l'inspecteur Shiva Coothen du Police Press Office dit que la photo n'émane pas de son bureau.
Confusion sur la date de rapatriement
À la police, l'on indique que les dépouilles du couple britannique ont été rapatriées soir, soit le vendredi 5 mai. Auprès du haut-commissariat, autre son de cloche : le couple a été rapatrié bien avant vendredi.
Ce n'est qu'en sollicitant Elie and Sons, service funéraire qui est en possession des corps du couple, que nous confirmons que le rapatriement ne se fera que ce samedi soir. En effet, les corps de Georges et Elizabeth Vaughan seront rapatriés à bord du vol d'Air Mauritius en partance pour London Heathrow à 22 heures ce soir.
Mort à leur descente d'avion ou pas ?
La presse mauricienne rapporte que le couple Vaughan a succombé à un accident à sa descente d'avion. De quoi rendre ce drame encore plus tragique. C'est d'ailleurs la police elle-même qui, le soir de l'accident, explique que le couple Vaughan avait débarqué à Maurice ce même lundi 1er mai.
Le lendemain, cependant, dans son Police Brief quotidien, la cellule de communication affirme que le couple était à Maurice depuis le 26 avril et qu'il devait rentrer en Angleterre le samedi 6 mai.
Georges ou Hugh Vaughan ?
Tout cela porte l'express à se demander si le nom que nous détenons des autorités est le bon. La police affirme que c'est Georges Vaughan qui a péri dans l'accident tragique sur l'axe Terre-Rouge – Verdun. Toutefois, les journaux britanniques, dont la BBC et ITV News, deux médias anglais d'informations respectés, le présentent comme Hugh Vaughan. La compagnie Landia UK, elle-même, où Georges Vaughan était directeur, le présente comme Hugh Vaughan. Et c'est ainsi qu'il se présente sur son compte LinkedIn.
Bérenger sur le lieu du drame
«On m'a dit que c'était un "accident-prone area" et j'ai voulu le voir de mes propres yeux», soutient Paul Bérenger, député de l'opposition. Accompagné de Jai Prakash Meenowa, ancien député mauve et habitant de l'endroit, le leader du MMM s'est, en effet, rendu sur les lieux de l'accident. Il explique que cet endroit a été témoin de plus d'une trentaine d'accidents depuis la construction de l'axe Terre-Rouge – Verdun. «Je sais que beaucoup ont attiré l'attention du ministère et du ministre des Infrastructures publiques quant à ce problème mais rien n'a été fait», maintient-il. Et d'ajouter qu'en sus, aucun panneau n'indique le danger imminent de ce tronçon de route. Jai Prakash Meenowa ajoute, pour sa part, qu'il est fréquent de voir le parapet abîmé par un impact. «J'ai moi-même déjà été déstabilisé pendant de fortes pluies.»
Des automobilistes témoignent
Luckmun Shradanand, motocycliste, habitant de Montagne-Longue
«J'habite le coin, j'utilise donc cette route très souvent. Il est bien connu que cette partie de la route est très glissante. Nous voyons souvent des camions ou autres qui sont rentrés dans les parapets. Je sais moi-même que la route est glissante à cet endroit, je fais donc très attention.»
James Faquir, automobiliste, habitant de Port-Louis
«C'est connu que cette route est dangereuse. Heureusement, je n'ai pas eu à l'emprunter encore sous la pluie mais les vents sont déjà assez déstabilisants.»
Un audit en cours sur la route
Une équipe mène un audit sur la route Terre-Rouge-Verdun. L'objectif est de déterminer si elle est à risque et s'il y a des «black spots». C'est ce qu'explique le responsable de communication au ministère des Infrastructures publiques et du transport en commun. L'équipe comprend des employés de la Road Development Authority, de la Traffic Management and Road Safety Unit et de la Swedish National Road Consulting AB (SweRoad), compagnie suédoise. Cet audit fait suite à l'accident des Vaughan.
C'est quoi l'aquaplaning ?
Il est soupçonné que le véhicule où se trouvaient Georges et Elizabeth Vaughan ait fait un aquaplaning. De quoi s'agit-il au juste ? L'aquaplaning (ou aquaplanage) est une réaction physique qui résulte de l'infiltration de l'eau entre les pneus et la route lorsqu'une automobile est en mouvement. Selon Barlen Munusami, l'auteur du «Guide complet du conducteur», l'aquaplaning peut être occasionné par les grosses flaques d'eau sur la route, mais aussi par une fine couche d'eau et la vitesse de l'automobiliste. C'est un «silent killer», ajoute-t-il. Barlen Munusami explique que l'état des pneus des voitures est une autre cause de l'aquaplaning.
Trois accidents sur l'axe
Selon le service de presse de la police, trois accidents mortels sont à déplorer sur la route Terre-Rouge-Verdun. Deux se sont produits en 2016 et le troisième, impliquant le couple Vaughan, le 1er mai 2017.
La ville d'origine des Vaughan en émoi
«Hugh will be sorely missed. We send our heartfelt sympathies to Hugh and Liz's families (...) He was a fantastic bloke who was very friendly, hardworking and ambitious. I am absolutely shocked and devastated to hear of his death.» Tel est le témoignage de Gerald Dakin, conseiller de Shropshire pour la ville de Whitchurch. Georges et Elizabeth Vaughan sont originaires du comté de Shropshire. Le témoignage en question est paru jeudi dans le journal en ligne Shropshire Star.
À plusieurs reprises, Gerald Dakin avait rencontré Georges Vaughan. Ce dernier était un personnage connu de Shropshire. Il y était directeur de Landia UK, une industrie qui fournit des équipements aux agriculteurs à travers le Royaume-Uni.
Dans une déclaration sur la page en ligne de Landia, on peut lire ceci : «It is with deep sadness and shock that we have to report the untimely death of Hugh Vaughan, director of Landia UK, who together with his wife Liz passed away after a road accident whilst travelling in a taxi during their holiday in Mauritius.»
«As the head of Landia UK since it was established in 1994, Hugh has guided the company to its position now as a highly reputable and continually growing manufacturer of top quality pumps and mixers.»
La BBC fait également état du drame. «A Foreign Office spokesman said they are supporting the family and are in contact with the Mauritian police», écrit le journal.
Le taximan «n'avait jamais fait d'accident»
«Zamé linn fer enn aksidan et là, enn sel kout dé dimounn finn perdi lavi dan so taxi. So latet extra fatigué», se lamente la mère de Shahnawaz Oozeerkhan. Le chauffeur de taxi de 44 ans véhiculait Georges et Elizabeth Vaughan.
Ce taxi, c'est sa mère qui le lui a donné à la mort de son père il y a 27 ans. Mais même avec sa mère, il refuse catégoriquement de parler de cette «course» fatidique. Presque tout ce qu'elle sait, elle l'a appris des médias ; il a dérapé, sa voiture a fait quelques tonneaux et a atterri contre le parapet. Elle suppose qu'il pleuvait et que c'est pour cela que sa voiture a glissé mais elle n'en sait pas plus.
Tout ce dont elle est sûre, c'est qu'il ne veut pas croire à cette réalité. «Dé dimounes finn mort et li pa pe kapav tir sa depi so latet», répète sa mère, les yeux remplis d'inquiétude.
Le taxi à bord duquel se trouvaient les Vaughan a fait une sortie de route à la hauteur de Montagne-Longue. Georges Vaughan est mort sur le coup alors qu'Elizabeth Vaughan, grièvement blessée, a été transportée à l'hôpital, où elle a été admise à l'unité des soins intensifs. Elle devait succomber à ses blessures peu après.
Shahnawaz Oozeerkhan a été légèrement blessé et a été admis à l'hôpital SSRN à Pamplemousses sous surveillance policière. Mercredi, il a retrouvé la liberté conditionnelle. Il a comparu en cour de Pamplemousses où il a dû fournir une caution de Rs 10 000 et signer une reconnaissance de dette de Rs 30 000. Dans sa déposition à la police, le quadragénaire a expliqué qu'il roulait en direction du Nord sur l'autoroute Terre-Rouge-Verdun lundi aprèsmidi lorsque sa voiture a dérapé à hauteur du rond-point de Bois-Pignolet.
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