Des lois pas assez sévères ?

1 year ago - 11 December 2023, lexpress.mu
Des lois pas assez sévères ?
La sécurité routière est devenue une préoccupation majeure à l’échelle mondiale, et Maurice ne fait pas exception.

Les chiffres récents concernant les accidents de la route révèlent une situation alarmante, avec une augmentation significative du nombre de décès. À vendredi, 125 victimes avaient été recensées. Alors que le débat sur l’introduction de l’infraction d’«homicide routier» pour les chauffards suscite des discussions en France, il est pertinent d’examiner la situation à Maurice et de se demander si des lois plus strictes sont nécessaires pour renforcer la sécurité routière dans le pays.

Actuellement, la législation mauricienne aborde les cas d’homicide involontaire par imprudence ou négligence liés à des accidents de la route. L’article 239 du Code pénal prévoit des sanctions certes sévères, avec une amende pouvant atteindre Rs 150 000 et une peine d’emprisonnement maximale de dix ans pour les coupables. De plus, l’article 133 du Code de la route impose l’annulation du permis de conduire du conducteur fautif, accompagnée d’une interdiction de conduire tout type de véhicule pendant une période de trois à cinq ans. Après cette période d’interdiction, le conducteur doit repasser son examen de conduite, mais son nouveau permis portera une mention faisant référence à sa condamnation pour homicide involontaire par imprudence.

Ces dispositions visent à dissuader les comportements dangereux sur les routes et à punir sévèrement ceux qui mettent en danger la vie des autres usagers de la route. Cependant, la question qui se pose est de savoir si ces mesures sont suffisantes pour endiguer le fléau de la délinquance routière à Maurice. Si l’on se penche sur le comportement des usagers de la route, en excluant les questions liées aux infrastructures et à la qualité des véhicules, il est évident que la délinquance routière demeure une source constante de litiges. Les infractions liées à la conduite, telles que les excès de vitesse, restent parmi les principales causes d’accidents. La multiplication des infractions et le manque de mesures préventives soulignent la nécessité de revoir la législation et de renforcer les efforts pour promouvoir une conduite responsable.

Le Code de la route comprend de nombreuses infractions, principalement contraventionnelles. Les infractions sont souvent résolues par le paiement d’amendes forfaitaires. Les contraventions routières ont augmenté de 2021 à 2022. Selon Statistics Mauritius, le nombre d’infractions routières enregistrées a augmenté de 1,4 %, passant de 112 454 en 2021 à 113 977 en 2022. De 2021 à 2022, les contraventions routières pour «dépassement de la limite de vitesse» ont augmenté de 42,0 %, passant de 41 393 à 58 773. Les autres contraventions routières ont enregistré des baisses allant de -2,2 % pour «stationnement sur trottoir/trottoir» à -87,6 % pour «Allowance oil to drop», sauf, entre autres, des augmentations allant de 25,7 % de 2 032 à 2 555 pour «non-respect des panneaux de signalisation» à 81,4 % pour «conduite dangereuse».

Pour les Cumulative Road Traffic Offences (CRTO), de janvier à décembre 2022, 42,6 % des amendes payées étaient dues à un dépassement de la limite de vitesse. De janvier à décembre 2022, quelque 16 890 personnes ont été condamnées pour des infractions. Quelque 1 478 conducteurs (8,8 %) avaient été condamnés plus d’une fois en vertu du troisième barème du CRTO, dont 17 (1,2 %) avaient déjà été condamnés pour quatre infractions et plus. 21 Mauriciens et un conducteur étranger titulaire d’un permis de conduire compétent ont été disqualifiés en raison du CRTO de janvier à décembre 2022.

Le Parlement a voté en juillet la Road Traffic Amendment Act, introduisant de nouvelles dispositions pour limiter le nombre d’infractions cumulatives autorisées au Code de la route. Cette mesure vise à décourager les récidivistes et à renforcer la responsabilité individuelle des conducteurs. Cependant, il est essentiel de surveiller attentivement l’impact de ces changements et d’ajuster la législation si nécessaire pour garantir une dissuasion adéquate, souligne un officier du Traffic Branch. Et de souligner : l’introduction de l’infraction d’homicide routier pourrait être une étape supplémentaire pour renforcer la responsabilité des conducteurs. Cela pourrait impliquer une évaluation approfondie des circonstances entourant un accident mortel, en distinguant les cas causés par l’imprudence ou les circonstances échappant au contrôle du conducteur de ceux liés à la consommation d’alcool ou de drogues.

Bien que la législation actuelle prévoie des sanctions sévères, il est impératif de continuer à évaluer son efficacité et d’explorer de nouvelles mesures pour décourager la délinquance routière.

Les accidents de la route en 2023 : Un bilan plus qu’alarmant 

  • 128 morts et croissance de 26% des tués au 8 décembre 2023
  • Les piétons les plus vulnérables mais la moto reste le véhicule le plus dangereux
  • Montée de la mortalité de 56% chez les jeunes de moins de 25 ans et baisse chez les seniors citizens de 7%
  • 89% des tués sur la route sont des hommes, 5 étrangers ont péri et le métro intègre les statistiques avec 2 morts à son actif

Les statistiques des accidents de la route en 2023 sont extrêmement préoccupantes, signalant une tendance alarmante. Jusqu’au 8 décembre de cette année, le nombre de décès a atteint un chiffre tragique de 128, affichant une croissance de 26% par rapport à la même période de l’année précédente. Les piétons demeurent les usagers les plus vulnérables, bien que la moto conserve sa réputation de véhicule le plus dangereux.

Une hausse significative de la mortalité, à hauteur de 56%, est observée chez les jeunes de moins de 25 ans, tandis que les senior citizens enregistrent une baisse de 7%. Surprenamment, 89% des personnes décédées sur les routes sont des hommes, et 5 étrangers ont également perdu la vie. De plus, métro fait désormais partie des statistiques avec deux morts à son actif.

Avec les récents accidents mortels de cette semaine, la police confirme un total de 128 victimes depuis le début de l’année jusqu’à vendredi, dépassant de 27 le nombre de décès à la même période l’année précédente. Ce chiffre dépasse également de 20 le total de l’année 2022 jusqu’à présent. Une corrélation évidente entre le nombre de victimes et le nombre d’accidents est mise en lumière, avec une augmentation passant de 99 à 122 accidents au total entre 2022 et 2023. Comparativement, à la même date l’année dernière, le nombre d’accidents était de 95, marquant une croissance de 28% d’une année à l’autre.

Les piétons les plus vulnérables, mais les motocyclistes ne sont pas en reste

Ce chiffre, malheureusement, risque de s’accroître sans un sursaut de prudence des Mauriciens, en particulier à l’approche des fêtes de fin d’année, où l’alcool, les drogues, la vitesse et la fatigue deviennent des déclencheurs potentiels d’accidents. Les récents incidents soulignent l’urgence de prendre des mesures immédiates pour renforcer la sécurité routière dans l’île. La combinaison de facteurs tels que l’alcool au volant, la vitesse excessive et la fuite après un accident doit être traitée avec une vigilance accrue. Bien que les autorités, par une politique de zéro tolérance, puissent inverser cette tendance tragique, la nécessité d’une sensibilisation accrue et de mesures préventives plus efficaces demeure cruciale pour éviter de futures pertes de vies sur les routes mauriciennes en cette fin d’année.

En ce qui concerne les catégories de victimes, une analyse approfondie révèle que les piétons sont les plus touchés cette année, avec 41 victimes, marquant une augmentation de 28%. Les usagers à pied prennent le pas sur les motocyclistes, qui enregistrent une décroissance de 9%, bien que, lorsqu’on y ajoute les passagers en croupe avec 11 décès cette année (+37,5%), la moto demeure l’engin le plus meurtrier.

Les catégories qui ont connu la plus forte croissance du nombre de décès cette année sont, dans l’ordre, les cyclistes avec 10 morts (7 de plus que l’année précédente, soit une croissance de 233%), et les chauffeurs de voiture avec 10 morts également (6 de plus que l’année précédente, ce qui représente une croissance de 150%). Enfin, les helpers réapparaissent au nombre de victimes, avec deux tués cette année, alors que les chauffeurs d’autobus n’ont été impliqués dans aucun accident mortel.

Baisse des accidents mortels chez les Senior Citizens et forte croissance chez les jeunes

Pour ce qui est des catégories d’âge, seuls les senior citizens ont enregistré une baisse de la mortalité de -7,4%, avec 25 morts contre 27 l’année dernière. Toutes les autres catégories connaissent une augmentation de la mortalité sur la route. Les jeunes paient un lourd tribut aux accidents mortels cette année, avec 4 décès pour les moins de 15 ans, soit le double de l’année précédente (+2 morts et 100%), et pour les 16-25 ans, 32 sont décédés (+11 morts et 52% par rapport à l’année dernière). La tranche d’âge 51-59 connaît également une croissance spectaculaire avec 24 morts (+11 décès et 84,6%). Finalement, ce sont toujours les 26-50 ans qui connaissent le plus grand nombre de décès sur la route, avec 43 décès, soit 5 de plus que l’année dernière.

Le nombre de véhicules impliqués dans les accidents a augmenté de 28% au 8 décembre 2023, avec trois catégories dominant les incidents, à savoir 57 motos (5,5%), 46 voitures personnelles (+7%) et 32 vans (+60%). Il est à noter que le métro est également inclus dans les statistiques et a enregistré deux accidents mortels en 2023 contre 0 en 2022.

Enfin, en ce qui concerne les victimes par genre, les hommes sont fortement touchés, représentant 89% des disparus, tandis que 14 femmes sont décédées (11%). Les femmes victimes le sont surtout en tant que piétons (64%) et passagères (21%), tandis que les hommes périssent à moto (35%) et en tant que piétons (28%), avec en moyenne 9% chacun comme chauffeurs, cyclistes, passagers et passagers en croupe. Il est à noter que jusqu’à présent, 5 étrangers sont décédés dans des accidents sur les routes, dont quatre hommes et une femme.

La situation appelle à une prise de conscience collective et à des mesures préventives renforcées pour éviter davantage de pertes tragiques sur les routes en cette fin d’année.